15 Mars 2009
|
D'ici 2030, le réseau existant de transports en commun (métros, trains et RER) d'Ile-de-France va supporter plus de la moitié du surcroît de trafic de voyageurs. L'urgence, selon les architectes, n'est donc pas de construire de nouvelles infrastructures lourdes qui prendront du temps. A leurs yeux, il faut, en priorité, accélérer les fréquences, augmenter les cadences et développer les dessertes le long des axes déjà tracés.
"UNE HÉRÉSIE"
La bataille a démarré, les 6 et 7 mars, au coeur de la forêt de Clairefontaine (Yvelines), au centre d'entraînement de l'équipe de France de football. M. Blanc avait réuni les architectes en séminaire pour leur exposer son projet de rocade de métro souterrain : située en moyenne à une dizaine de kilomètres de Paris, longue d'environ 140 kilomètres, elle comporterait une soixantaine de stations tous les 2 à 3 kilomètres. Coût estimé : 14 milliards d'euros. Soit presque deux fois le montant - environ huit milliards - investi tous les dix ans pour les transports en Ile-de-France.
La rocade imaginée par M. Blanc desservirait les futurs grands pôles économiques de la région. "Blanc nous a expliqué qu'en passant en souterrain, il éviterait les procédures d'enquête publique qui allongent les délais de réalisation. Il éviterait aussi les grèves puisque son métro automatique serait sans conducteur", résume l'un des participants au séminaire. Les architectes présents ont tous dénoncé l'enfouissement de la rocade. "On n'enterre pas les gens pour les faire voyager", a affirmé en substance Jean Nouvel. "C'est une hérésie de vouloir faire des métros en tunnel quand on peut se déplacer à l'air libre", a renchéri l'urbaniste Michel Cantal-Dupart.
Les urbanistes ont plaidé, à l'inverse, pour la création de nouveaux transports de surface. "Pour se sentir appartenir à une métropole, il faut pouvoir la découvrir quand on la traverse", résume l'urbaniste Jean-Marie Duthilleul.
Les architectes ont également contesté le tracé de M. Blanc. Si les deux tronçons à l'ouest et au sud de l'Ile-de-France de la rocade leur paraissent justifiés, en revanche, certains, comme M. de Porzamparc, jugent coûteux et inutile de passer par des zones peu habitées.
A chaque architecte son projet. Christian de Portzamparc défend l'idée d'un "annulaire rapide de 35 km et de 22 stations au-dessus du périphérique". L'équipe de l'architecte Yves Lion, associé à David Mangin et François Leclercq, milite pour des métros aériens le long de l'autoroute A86. Roland Castro propose trois nouvelles lignes de tramways autour de Paris. M. Duthilleul a dessiné de nouvelles connexions du métro parisien au RER et au TGV, afin que "la station Châtelet ne soit plus le point de passage quasi obligatoire pour aller d'un point à l'autre de la région".
Toujours pour optimiser la circulation sur les axes existants, les architectes imaginent des "autoroutes apaisées" sur lesquelles le trafic serait régulé à l'aide de nouveaux péages ; avec des files dédiées au covoiturage, aux deux roues ou aux taxis. Tous considèrent que le transport routier a un bel avenir. Sur ce point, au moins, ils sont d'accord avec M. Blanc.