10 Février 2009
No limit est le titre du bouquin consacré à l'étude prospective d'insertion urbaine du périphérique réalisée par l'agence TVK.
Une expo, un bouquin, des articles dans les revues (d'a) les quotidiens. C'est un vrai progrès. Depuis 8 ans , après JL Cohen et A. Lortie ,nous nous agitons pour une nouvelle vision de ce périf et de ce qui se passe autour[ voir le livre " La "Ville du périphérique" -épuisé- les articles dans Extra muros, les visites régulières organisées par le CAUE, l'expo Les 30 ans du périf à l'Arsenal] je suis donc particulièrement heureux de tout ça. Le bouquin est passionnant, et enfin les photos de François Lacour sont publiées. ( comme celle qui illustre ce blog) a voir sur son site:www;francoislacour.com
Vive la prospective...
Le dernier cercle?
Paris, c'est, depuis Philippe Auguste, l'édification et l'effacement de cercles successifs. Le boulevard périphérique, achevé en 1973, prend place sur le territoire d'une fortification militaire démolie en 1919, après la Première Guerre mondiale, quand les stratèges ont réalisé que les progrès de l'armement renvoyaient aux oubliettes de l'histoire les vieilles recettes de l'enfermement défensif. Dans les années 1930 sont construits les ensembles de logements sociaux appelés Habitations à bon marché, «HBM». Remarquables du point de vue de la forme architecturale et urbaine, ils sont aujourd'hui fièrement partie intégrante du patrimoine de tous les Parisiens.
Dans les années 1950, la radicalité moderniste l'emporte. Les responsables parisiens de l'époque, sous l'impulsion du président du conseil municipal, Bernard Lafay, soutenus par les services de l'État - alors directement chargés de l'administration de la capitale -, adoptent le principe d'un chantier gigantesque. Le modèle retenu est simple. Au centre, une large voie rapide, inspirée directement des highways des villes nord-américaines, capable d'absorber le flux croissant de la circulation, d'autant plus important que Paris est désormais le point de convergence du réseau autoroutier national. De part et d'autre, le plan Lafay prévoit de grands immeubles barres, à construire très vite car le besoin en logements se fait pressant. Seule une partie est effectivement édifiée, principalement côté parisien, face au tissu plus pavillonnaire des communes riveraines. Les espaces verts qui devaient être créés en compensation de la densification sont, eux, le plus souvent sacrifiés. Il va sans dire que ce projet n'a guère pris en compte les avis, ou les envies, des résidents, non plus que ceux des vingt-neuf communes limitrophes pourtant directement concernées par ce «grand ouvrage» parisien. Notons également que, non sans un certain cynisme, cette autoroute est majoritairement créée en tranchée dans les quartiers aisés de Paris, voire couverte comme à la porte Molitor, alors qu'elle passe en viaduc - configuration qui génère le plus de nuisances - dans les quartiers les plus populaires...
On estime que près de 700000 personnes résident aujourd'hui à proximité du périphérique. Depuis son ouverture, le paysage urbain de la couronne de Paris a profondément évolué. Côté Paris, des créations ou des reconstructions d'équipements - stades, gymnases ou hôpitaux - ont été l'occasion de grands gestes architecturaux aux portes ou à proximité. Chez nos voisins, après la libération de nombreuses emprises du fait de la désindustrialisation, d'importants programmes tertiaires ont pris place le long de l'ouvrage, profitant de la vitrine qu'il représente.
La couronne s'est également fortement densifiée, notamment à l'est et au sud, le long des premiers tronçons construits. Le trafic automobile a augmenté : 200000 véhicules par jour sur le périphérique lors de son bouclage, 1,3 million aujourd'hui. Les demandes de protection des riverains contre les nuisances (bruit, pollution) sont devenues de plus en plus pressantes.
Conscients de la dureté de la situation pour les riverains, les responsables parisiens mettent en place, en 1975, un premier programme de couverture à la porte des Lilas, au droit de la cité Fougères : le square Léon-Frapié est aménagé sur la dalle.
En 1984, dans le cadre de la ZAC Champerret, dans le 17e arrondissement, une importante section du périphérique est couverte, sur une longueur totale de 800 mètres, pour protéger les riverains du bruit. La promenade Bernard-Lafay, accompagnée d'un programme d'équipements sportifs, y est aménagée. Mais, compte tenu du coût de ces tels aménagements, cette politique de couverture est temporairement interrompue.
Un schéma directeur, établi par la Direction régionale de l'équipement dans les années 1980, revient sur la nécessité de réduire les nuisances sonores. Deux campagnes de construction d'écrans antibruit, cofinancés par la Ville de Paris et les trois départements limitrophes, et de pose de fenêtres à double vitrage ont ainsi lieu de 1983 à 1990, puis de 1993 à 1997; vingt-cinq murs sont installés, représentant une longueur totale de 14 kilomètres.
En 2000, trois projets de couverture sont inscrits au Contrat de plan 2000-2006, signé entre l'État et la Région.
Le tournant de 2001 : vers une pensée métropolitaine
2001 marque une rupture décisive dans l'appréhension du boulevard périphérique, devenu au fil du temps «l'anneau central» de l'agglomération. Bertrand Delanoë souhaite que Paris sorte de son «splendide isolement». La dimension métropolitaine est mise au cœur de la politique municipale.
Ce souhait se traduit au plan urbain par deux axes de travail. D'une part, la mise en place de partenariats avec les collectivités limitrophes ou proches : aujourd'hui, une quinzaine de protocoles sont signés, portant sur toutes les dimensions de la vie locale. La frontière symbolique s'estompe. D'autre part, est lancé un Grand projet de renouvellement urbain (GPRU) de la couronne de Paris, porté sous cette précédente mandature par Jean-Pierre Caffet et Martine Durlach. Il a principalement pour but de réparer les erreurs du plan Lafay des années 1950 et, autant que faire se peut, de recréer des continuités urbaines entre les quartiers parisiens et ceux des communes voisines. La coupure doit être résorbée là où c'est possible. Cinq secteurs sont aujourd'hui en projet : Porte Pouchet, Porte Montmartre-Clignancourt, Paris Nord Est, Porte des Lilas, Bédier-Boutroux, Porte de Vanves; plusieurs projets sont en cours d'études, le plus souvent très avancées : Porte de Saint-Ouen, Porte de Pantin, Porte de Montreuil, Saint-Blaise dans le 20e arrondissement, Porte de Vincennes, notamment.
Sur tous ces territoires, sont mis en œuvre ou proposés de véritables projets urbains, ambitieux, intégrant tous les aspects de la vie des quartiers,. Parmi les réalisations en cours, deux intègrent une couverture du périphérique, aujourd'hui achevée : Porte des Lilas et Porte de Vanves. Elles ont été financées essentiellement par la Ville de Paris et par la région Ile-de-France (85% du total), l'État ayant participé au financement du projet de la Porte des Lilas. Le troisième projet du Contrat de plan 2000-2006, le secteur Ternes-Champerret, est encore aujourd'hui à l'étude, en raison notamment de la longueur de la couverture envisagée et du durcissement des réglementations régissant les tunnels.
D'autres projets de couverture sont également envisagés : portes de Montreuil et de Vincennes ou dans le secteur de la gare des Mines, entre les portes de la Chapelle et d'Aubervilliers, au sein du projet Paris Nord Est. Un protocole d'accord entre Plaine Commune, et Paris a été signé le 28 octobre 2008, pour la création du premier véritable quartier intercommunal.
Parallèlement, dès 2001, Paris impulse et accompagne une série de réflexions, recherches et événements visant à mieux connaître le territoire de la couronne et les enjeux qu'il porte. Dès 1991, les architectes André Lortie et Jean-Louis Cohen avaient ouvert la voie en publiant Des fortifs au périf... Paris, les seuils de la ville. La parution des ouvrages Territoires partagés - L'archipel métropolitain en 2002 et Paris, La Ville du Périphérique en 2003, les expositions éponymes au Pavillon de l'Arsenal, l'organisation d'un séminaire d'histoire sur les «Relations Paris-banlieue», des études de l'Atelier parisien d'urbanisme sur le paysage urbain de la couronne et des contributions publiées dans le magazine municipal Extramuros ont été des étapes essentielles dans la prise de conscience collective que la métropole mérite d'être sujet d'étude, de débat, de recherches, de représentations.
Une étude prospective
Pour poursuivre ce travail et explorer des pistes pour l'avenir, dès 2003, Bertrand Delanoë a proposé à la Région de lancer, dans le cadre du contrat particulier qui lie la capitale à la collectivité régionale, une étude globale et prospective sur l'insertion urbaine du périphérique.
Le travail, piloté par une jeune et talentueuse équipe d'architectes-urbanistes, qui a su réunir autour d'elle toutes les compétences nécessaires (paysagiste, économiste, ingénieur, historien, photographe, etc.), s'est déroulé en 2006 et 2007. L'équipe a associé l'ensemble des arrondissements parisiens de la couronne et les collectivités riveraines concernées, dans le cadre de groupes de travail. Une restitution en a été présentée au Pavillon de l'Arsenal en décembre
Cette étude est innovante en ce qu'elle porte sur le territoire du périphérique une vision d'échelle métropolitaine et d'en valoriser les potentiels. Ce faisant, elle conforte Paris dans sa volonté de transformer ses rapports avec les collectivités de l'agglomération et ouvre l'horizon d'un territoire métropolitain.
Le périphérique a été abordé comme une superstructure clé de l'agglomération, comme un facteur de liens et d'échanges entre territoires. L'avenir de l'agglomération, au moins pour sa zone la plus dense, se joue en partie de part et d'autre du périphérique, parfois en profondeur des territoires concernés. On y localise les derniers grands espaces à reconquérir, qui offrent un potentiel exceptionnel de développement, tant en matière de logements que d'activités économiques. Ils sont également le support de formes urbaines contemporaines et de nouveaux éco-quartiers.
Il apparaît désormais évident que la frontière peut se transformer en passerelle, les confins en lieu de nouvelle centralité, l'ancienne «zone» en terre d'attractivité. Le terme «périphérique» est, dans un certain sens, devenu obsolète. L'ouvrage d'art est désormais situé au milieu d'un territoire qui est appelé à devenir sinon le cœur, du moins l'un des poumons de l'agglomération.
L'étude aborde ainsi des problématiques différentes, qui appellent des solutions convergentes : mobilité, questions environnementales, rééquilibrage social et économique, sans oublier l'émergence de nouvelles formes urbaines et architecturales.
Le document se fonde également sur des analyses fines de six cas particuliers, différents des territoires sur lesquels la municipalité a déjà piloté des études approfondies. Chaque projet est resitué dans sa dimension intercommunale, sa réalisation ne pouvant se concevoir sans une co-élaboration avec l'ensemble des partenaires. Si chaque site appelle un traitement spécifique, des idées forces se dégagent. Le travail sur les talus ou sur les bretelles autoroutières, les opportunités ouvertes par l'existence de différents niveaux, la nécessité de penser en termes de paysages sont autant de pistes dont nous pourrons certainement tirer profit.
Enfin, il n'échappera à personne qu'au-delà de son coût et aussi parfois de ses impossibilités techniques, la couverture ne s'avère pas forcément la solution unique à envisager. Cette étude ouvre, à cet égard, des hypothèses audacieuses.
Le travail remarquable réalisé par les différents participants à cette étude fera date. Il participera à faire évoluer notre regard sur le périphérique. La métropole parisienne, symboliquement, spatialement, ne se réalisera pas un en jour. Cette nouvelle contribution parisienne, appuyée par la région, apporte une pierre supplémentaire à l'édifice.
Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris, chargée de l'urbanisme et de l'architecture
Pierre Mansat, adjoint au maire de Paris, chargé de Paris Métropole et des relations avec les collectivités territoriales d'Ile-de-France
Le Grand Paris de Nicolas Sarkozy est il conflictuel vec le Grand Paris de Bertrand Delanoë, qu'il préfère appeler Paris Métropole. Le projet du Grand Paris de Christian Blanc, le secretaire d'état au développement de la Région Capitale sera publé bientôt. Jean Paul Huchon est un adversaire du Grand Paris.Pierre Mansat, l'adjoint de Bertrand Delanoë ne rechigne pas à utiliser le terme Grand Paris. Il est un des membre actif de la consultation internationale des architectes Jean Nouvel, Christian de Portzemparc, Rodgers.