Quelques mots au sujet d’un parcours somme toute inintéressant : après avoir échoué deux fois à l’École normale supérieure (il n’est certes pas le seul, mais l’écrire m’amuse), il « a fait » Sciences-Po puis l’ENA, cycle d’études dont il sort en 2004 pour intégrer le corps de l’Inspection des Finances, puis devient banquier d’affaires en 2008. Il magouille un peu en 2010 avec Alain Minc autour du journal Le Monde. Il vote pour Jean-Pierre Chevènement au premier tour de l’élection présidentielle de 2002, est recruté en 2007 par Jacques Attali dans la commission éponyme, puis devient secrétaire général adjoint de l'Élysée après l’élection de François Hollande en 2012. En 2014 il cherche à monter une « start-up dans le conseil stratégique », avant d’être nommé ministre de l’Économie. Il est alors entouré d'anciens collaborateurs et soutiens de Dominique Strauss-Kahn, qui trouvent en lui un parfait produit de substitution et le suivront sous sa présidence. Quoi, dans ce parcours, lui a appris la vie, la politique (la politique honorable), la morale ?
Nul doute qu’il a appris, ou plutôt perfectionné, ses dons naturels en baratin. Qu’il a musclé son auto-confiance. Qu’il est devenu champion des promesses et des trahisons.
La ligne de défense de Depardieu définie par Anne Hommel (*) et appliquée systématiquement par famille et amis est totalement grotesque, mais attendue : elle consiste à s’attaquer au point le plus ouvertement sensible du documentaire de Moix, la sexualisation d’une gamine, en prétendant qu’il s’agit d’un montage mensonger. Méthode de complotistes propagateurs de fake-news, méthode misérable. Mais pourquoi Macron n’a-t-il pas compris que ce n’était pas vraiment une bonne idée, pour lui, de rajouter cet invraisemblable argument au ravage créé par son ralliement à la préférence nationale ?
Savait-il qu’un jour il serait celui qui a permis l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite en France ? Probablement pas. Car en réalité il ne sait pas grand-chose.
(*) Longtemps proche de Jean-Christophe Cambadélis, Anne Hommel fut la communicante de crise de Dominique Strauss-Kahn et de Jérôme Cahuzac.