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Pierre Mansat et les Alternatives

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Sur Le Parisien.fr "5 minutes pour comprendre les enjeux de l’ouverture des archives"

Guerre d’Algérie : 5 minutes pour comprendre les enjeux de l’ouverture des archives

La France a ouvert jeudi ses archives relatives aux affaires judiciaires et aux enquêtes de police dans l’Algérie en guerre contre la colonisation, avec 15 ans d’avance. Une décision attendue de longue date par les chercheurs et les associations.

Des indépendantistes algériens manifestent à Alger, rue Albin-Rozet, dans le quartier de Belcourt le 11 décembre 1960. Ces premières manifestations de masse de musulmans en Algérie depuis le début de la guerre ont été accompagnées de violences entre les deux communautés et d'affrontements avec les forces de l'ordre. (AFP)
 
Des indépendantistes algériens manifestent à Alger, rue Albin-Rozet, dans le quartier de Belcourt le 11 décembre 1960. Ces premières manifestations de masse de musulmans en Algérie depuis le début de la guerre ont été accompagnées de violences entre les deux communautés et d'affrontements avec les forces de l'ordre. (AFP)

 
 

Elles étaient inaccessibles pendant 75 ans, sauf dérogation. Ce jeudi, la France ouvre ses archives liées aux affaires judiciaires et aux enquêtes policières pendant la guerre d’Algérie (1954-1962), avec quinze ans d’avance. Annoncée début décembre par Roselyne Bachelot, cette décision symbolique s’inscrit dans la politique de réconciliation mémorielle entreprise par Emmanuel Macron : le président avait promis d’aider les historiens à éclairer les zones d’ombre de l’action de la France en Algérie, du début de l’insurrection indépendantiste en 1954 jusqu’à l’indépendance en 1962.

Que pourra-t-on y apprendre ?

« Ce sont des dossiers liés aux nationalistes algériens, aux partisans de l’Algérie française, à l’Organisation de l’armée secrète (OAS). Ils concernent des faits commis en Algérie et en métropole », résume dans Libération Françoise Banat-Berger, cheffe du service interministériel des archives de France.

Ils couvrent un large spectre : du banal contrôle d’identité des Algériens jusqu’aux actes de torture. « Ces faits, on les connaît dans leur masse, on parle de la torture avec un grand T, mais nous n’avons pas toujours identifié les victimes, les bourreaux et les exactions, explique l’historienne Naïma Yahi, chercheuse associée à l’Urmis (Unité de recherche migrations et société). Au-delà des cas emblématiques, médiatiques, nous devrons maintenant écrire les trajectoires individuelles de chaque victime lambda pour savoir où, quand et comment ça s’est passé ».

Pour la spécialiste de l’histoire culturelle des Maghrébins en France, l’ouverture de ces archives pourrait aussi permettre d’éclairer des zones d’ombre sur des séquences importantes de la guerre d’Algérie, comme la bataille d’Alger.

Après l’accès aux archives sur les personnes disparues en 2020, celles-ci « ouvrent les champs très larges de la justice militaire et des affaires étrangères, se réjouit Pierre Mansat, président de l’association Josette et Maurice Audin. Il y a fort peu de chances de trouver des rapports sur la torture ou un tortionnaire. Mais peut-être des plaintes déposées par les familles des victimes sur des enlèvements, des disparitions, la façon dont la justice les a traitées, les enquêtes policières qu’il a pu y avoir, l’impunité ou pas des tortionnaires sur les actes de torture… »

Ces archives peuvent aussi fournir aux spécialistes « des détails sur l’organisation et les procédés de l’OAS » (organisation de l’armée secrète, anti-indépendantiste et proche de l’extrême droite), espère M’Hamed Kaki, président de l’association mémorielle Les Oranges à Nanterre (Hauts-de-Seine).

Pourquoi le gouvernement a-t-il pris 15 ans d’avance ?

C’était l’une des préconisations du rapport Stora (pour parvenir à une « nécessaire réconciliation » franco-algérienne). Le 17 octobre dernier, 60 ans après le massacre des Algériens lors d’une manifestation, Emmanuel Macron avait déjà fait un geste fort en devenant le premier président à commémorer en personne cette date funeste.


Alors que la relation franco-algérienne est en crise depuis des mois, cette annonce apparaît comme un nouveau pas « positif » contribuant à son amélioration, remarque Pierre Mansat.

Mais « c’est un geste qui pèse peu par rapport à d’autres enjeux en Méditerranée », nuance l’historienne Naïma Yahi, pour qui cette démarche est avant tout franco-française : « Elle pèse dans les débats publics actuels sur l’islam, l’immigration, et sur les prochaines élections électorales. C’est la place de ces Français issus de l’immigration, notamment algérienne, qu’on rend légitime en traitant notre Histoire. Il s’agit d’apaiser les tensions identitaires qui fracturent notre société. »

Derrière la « manœuvre politicienne » visant cet électorat, « il y a aussi une volonté d’apaisement sincère de la part du gouvernement », pense M’Hamed Kaki. « C’est l’Histoire de France, notre histoire collective, pas uniquement celle des Algériens » que ces archives éclaireront. « À l’époque, l’Algérie était un département français, les Français sont donc amputés d’une grande partie de leur histoire. »

Que reste-t-il à faire ?

Selon Pierre Mansat et M’Hamed Kaki, il faut continuer à ouvrir d’autres archives, comme celles des services de renseignement. Par ailleurs, rien ne dit si les documents seront accessibles au grand public, ou uniquement aux historiens. Et qui dit archives, dit recherches. Mais les chercheurs en ont-ils les moyens ? « La seconde étape serait de doter la recherche de bourses sur le sujet, si on veut en faire le récit, plaide Naïma Yahi. À l’université française, il n’existe pas de chaire dédiée à la mémoire de la guerre d’Algérie et peu de chercheurs y travaillent. Nos collègues algériens doivent aussi y avoir accès. Faciliterons-nous leur venue grâce à des visas de recherche ? »

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