JEAN-LOUIS COHEN. La Butte-Rouge est une réalisation unique et exceptionnelle, témoin d’une convergence de la réforme sociale et de l’invention architecturale. Elle se compare à plusieurs opérations qui figurent sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Dans des pays comme les Pays-Bas ou l’Allemagne, les cités de cette période sont d’ailleurs considérées comme des objets d’héritage culturel.
Il ne faudrait donc pas y toucher ?Je ne comprends pas l’acharnement de ces maires de banlieue incultes contre ces cités. Ils n’y voient que l’opportunité d’y construire plus car la densité y est faible. Et peut-être aussi l’occasion de se débarrasser d’un électorat souvent de gauche, qui leur est hostile. Cela a été le cas pour la démolition de la cité-jardin du Plessis-Robinson. Je pense que c’est un aspect inavoué et inavouable de la politique de Châtenay
En quoi cette cité-jardin est-elle si exceptionnelle ?
Iln’y en a pas d’autres de cette qualité en France. Elle est unique par sa qualité paysagère et son échelle (NDLR : 70 ha pour 4 000 logements). Il y a une finesse dans le rapport au paysage et les détails de construction. Ce n’est pas un plan quadrillé, c’est un plan pittoresque avec des rues qui utilisent le relief, qui ménagent les surprises visuelles.Ce modèle d’architecture est encore d’actualité ?
C’est du collectif mais qui n’écrase pas. Il y a une bonne variété des ouverts, elle échappe à la monotonie qui sera plus tard celle des grands ensembles. C’est un ensemble avec une dimension absolument écologique, qui a les qualités qu’on essaye aujourd’hui à grand-peine de reproduire dans les ensembles contemporains. Mais c’est un ensemble fragile parce que si on commence à mettre des choses plus grosses dedans, on perdrait un lieu de grande originalité et de grande qualité.