Telle la fée Carabosse, le Medef Ile-de-France vient de faire irruption dans les débats des élus de la mission de préfiguration du Grand Paris pour y jeter un froid. Alors que ces derniers, gauche et droite confondues, se félicitaient ce mardi de pouvoir finaliser en conseil des élus le texte d’un accord sur l’organisation du Grand Paris à proposer d’une seule voix au gouvernement, l’organisation patronale a publié un communiqué virulent qualifiant ce compromis de «dangereux», y voyant «une dérive».
«Au lieu de simplifier, on va complexifier», dit Jérôme Dubus, délégué général du Medef Ile-de-France. Les élus sont «en train d’inventer quelque chose qui ne va pas fonctionner et qui va nuire à l’attractvité de Paris». Telle qu’elle a été promulguée en janvier 2014, la loi métropoles, qui créait autour de Paris «une métropole intégrée dotée de compétences et de moyens techniques et financiers à la mesure des problèmes spécifiques qui lui sont posés et des défis qu’elle doit relever dans la compétition mondiale», convient parfaitement au Medef.A l’inverse, la version sur laquelle les élus viennent de toper pour obtenir une réécriture de la loi leur semble inacceptable. Les représentants du patronat ne veulent pas d’une transformation des territoires en établissements publics de coopération intercommunale (EPCI). Et surtout pas du partage des impôts économiques entre la métropole et cette vingtaine d’instances locales. Si ce dispositif était retenu par le gouvernement et voté par le Parlement, la métropole se retrouverait astreinte «à des négociations permanentes avec les territoires pour exercer ses compétences et conduire ses actions», dit le communiqué, dont les rédacteurs voient dans «ce compromis qualifié d’historique par certains (...) l’affaiblissement annoncé de la métropole».
La multiplication des interlocuteurs et le partage de la fiscalité dessinent, pour le Medef, un avenir dans lequel il ne sera «plus question pour l’échelon métropolitain d’avoir une maîtrise globale et cohérente de la fiscalité locale des entreprises et de son évolution», ni d’en faire «l’outil unique de péréquation financière du coeur d’agglomération».
Depuis des semaines que ce débat a commencé, les patrons sont les premiers à rappeler qu’il existe une loi organisant la métropole du Grand Paris et que la représentation nationale l’a votée.