6 Juin 2013
Patrick COHEN
L’édito politique, bonjour Thomas LEGRAND.
Thomas LEGRAND
Bonjour Patrick.
Patrick COHEN
Ce matin, c'est un peu la suite de votre édito de mardi à Marseille. Vous évoquez cette fois le projet de métropole parisienne qui a été rejeté par les sénateurs.
Thomas LEGRAND
Oui. Et si les sénateurs ont approuvé hier soir le projet de loi qui crée la métropole Aix-Marseille Provence, ils ont méticuleusement détricoté le projet de métropole parisienne. Les députés rattraperont peut-être le coup, mais d’ici-là le gouvernement risque de mettre beaucoup d’eau dans son vin déjà très clair. C’est un sujet ardu mais c’est aussi ça et sans doute surtout ça la politique de proximité. De l’organisation administrative des territoires dépend la réalité des transports, du logement ou de la sécurité, bien plus que de la primaire parisienne de l’UMP qui a largement occupé nos colonnes et nos ondes. Alors amis auditeurs, un petit effort d’attention pour déjouer la ruse des sénateurs qui comptent bien sur le fait que personne ne comprend rien à ces histoires afin de préserver baronnies et fiefs. De quoi s’agit-il ? Comme pour Marseille, il s’agit de mutualiser au maximum les ressources et les dépenses des agglomérations et de sortir du chacun chez soi et du chacun pour soi. Aujourd'hui, les communautés urbaines autour de Paris sont minuscules. Elles regroupent deux ou trois villes qui généralement ont le même type de population ; en gros, des villes riches avec des villes riches, et des villes pauvres avec des villes pauvres. Le projet de loi prévoit une grande métropole englobant Paris et la banlieue, et à l’intérieur des sous-ensembles. C’est là que ça devient compliqué. Des associations de villes avec un seuil, une population totale d’au moins trois cent mille habitants, avec ce plancher imposé très élevé, on fait des économies. Les élus seront obligés de mettre en commun leurs ressources, de rationnaliser leurs équipements. Neuilly l’opulente sera peut-être, qui sait ?, avec Gennevilliers la populaire pour forcer à la redistribution et lutter contre le cancer qui ronge nos agglomérations : l’inégalité spatiale.
Patrick COHEN
Mais ça crée des structures administratives en plus, ça ?
Thomas LEGRAND
Oui. C’est vraiment le gros défaut de ce projet qui ne prévoit pas en contrepartie de supprimer les départements de l’Île-de-France. Pourtant, des centaines de milliers de Franciliens de l’est et du nord font chaque jour une pénible et souterraine transhumance vers l’ouest pour aller travailler dans les beaux quartiers parisiens ou les communes de l’ouest. Les dépenses sociales, scolaires, culturelles, la pression du logement se font sur les départements de l’est. Les Hauts-de-Seine s’enrichissent du travail des habitants de Seine-Saint-Denis par exemple et pourtant, bien des élus socialistes et communistes du 9-3 tiennent à leur département dortoir, tout comme ceux UMP des Hauts-de-Seine qui s’accrochent à leur département coffre-fort. De leur côté, les communistes n’existent plus que par leur mairie dont le pouvoir serait dilué dans de larges communautés de communes. Le vrai courage politique eut été de supprimer les départements franciliens des zones urbaines. Mais les sénateurs ont finalement défendu leurs électeurs selon les élus locaux, un brin de mollesse coupable de la part de l’exécutif. Des parlementaires de la majorité et de l’opposition corporatistes comme dans l’affaire des députés qui vident la loi sur la transparence de sa substance, François HOLLANDE, sa majorité et son opposition sont tristement conformes à leur caricature.
Patrick COHEN
C’était Thomas LEGRAND. Effort récompensé pour les auditeurs, c’était très clair. Merci Thomas. 07:47:11 FIN)