15 Janvier 2011
l'AFP
PARIS — Le vice-président écologiste de la région Ile-de-France, Jean-Vincent Placé (EELV), chargé des transports, a accusé vendredi son président PS Jean-Paul Huchon de "capituler" devant l'Etat pour les projets de transports dans la région.
"Je suis pour la négociation, je ne suis pas pour la capitulation, ni pour la précipitation, je souhaite qu'on continue la négociation, qu'elle ne se fasse pas dans un petit club du mercredi avec dix types, et que Jean-Paul Huchon ait le souci de respecter sa majorité", a déclaré à l'AFP M. Placé.
Vice-président du syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif), présidé par M. Huchon, il déplore que ce dernier "sorte totalement du mandat régional". "C'est tout à fait incroyable!", s'est-il exclamé.
Accusé par l'UMP de faire capoter un "accord historique pour les transports franciliens", M. Placé a affirmé que ce n'était "pas un blocage des Verts, mais un blocage très massif de la majorité" au conseil régional.
Selon lui, "c'est assez amusant de constater que M. Huchon et M. (Maurice) Leroy (ministre chargé du Grand Paris) communiquent exactement de la même manière en disant: +ah ah ah c'est à cause de ces rétrogrades de Verts et uniquement concernant le plateau de Saclay+, sauf que ce n'est pas çà le sujet".
Il a déploré que la Société du Grand Paris (SGP), chargée par l'Etat de réaliser une double boucle de métro automatique autour de Paris, "renationalise les transports franciliens", "un argument qui n'intéresse plus grand monde, et surtout pas M. Huchon".
A propos de Saclay, il "défend la proposition de compromis du président (PS de la communauté d'agglomération François) Lamy", prévoyant un "transport en commun en site propre Massy-Saint-Quentin tout de suite, et à terme un tram-train".
Il a regretté que M. Huchon les ait "lâchés" pour "s'aligner sur le projet gouvernemental" de "métro automatique léger ayant pour vocation à devenir un métro automatique à grande capacité en 2020".
En fait, le projet d'accord Etat-région intitulé "vision partagée" prévoyait "un métro automatique léger" allant d'Orly à Saint-Quentin-en-Yvelines poursuivant son chemin soit jusqu'à Versailles Chantiers soit jusqu'à Versailles Matelots.
Cette infrastructure devait "constituer dès 2020 la préfiguration de la liaison par métro automatique à grande capacité de ces mêmes gares".
Quant à la liaison Versailles-La Défense, elle aurait été assurée "dans un premier temps" par la ligne U du Transilien puis "améliorée", mais "à terme" seulement
Le Figaro
L'accord entre l'Etat et la région Ile-de-France sur les transports du Grand Paris pourrait bien ne pas être signé avant les cantonales, affirment les communistes et les Verts du Conseil régional. En charge du dossier présidentiel, le ministre de la Ville Maurice Leroy souhaitait signer dès cette semaine l'accord déjà rédigé dans ses grandes lignes, illustrant la convergence des deux projets de métro automatique: l'Arc express proposé par la Région et la double boucle de l'Etat lancée par Christian Blanc, l'ancien ministre du Grand Paris. L'annonce de l'événement était même encore inscrite, mardi matin, au programme du Conseil des ministres du lendemain. Mais ce même mardi matin, lors d'une réunion de l'exécutif régional, le président socialiste de la région, Jean-Paul Huchon, favorable à l'accord, s'est retrouvé face à une opposition ferme des conseillers Verts et de la gauche radicale.
«La majorité des socialistes étaient comme nous totalement opposés à la signature d'un accord», soutient un des élus, jugeant que Jean-Paul Huchon agit «dans une précipitation incroyable» et «surtout, dans la main du gouvernement». «Pas question de signer cet accord, juge un autre, alors que nous manquons totalement d'informations concrètes sur la gouvernance, le financement et le tracé du projet».
Président du groupe Front de Gauche à la Région, Gabriel Massou confirme une réunion d' exécutif «compliquée» mardi, suivie, jeudi matin, d'une réunion des six présidents des groupes de la majorité pour tenter de trouver une issue. «Le travail avec Maurice Leroy se poursuit, affirme-t-il, pas question de l'interrompre. Un groupe de suivi va d'ailleurs être constitué pour aller dans le détail des sujets». Mais selon lui, il n'est « pas question» d'un accord dans les prochains jours, comme le souhaite le ministre. «Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation», indique Gabriel Massou. «La commission du Débat Public aura deux mois pour rendre ses conclusions après la fin des débats, fin janvier, nous allons donc nourrir leurs conclusions avec nos avis».
Mais le président du groupe reconnaît que sa volonté de freiner n'est pas seulement d'ordre technique, mais aussi politique. «Un accord Etat-Région et droite-gauche ne serait pas très lisible dans les territoires alors que l'on commence la campagne des cantonales», indique-t-il. Contrairement à d'autres élus de la majorité opposés à l'accord, il refuse de considérer que la sanction d'inéligibilité que fait planer le Conseil d'Etat contre Jean-Paul Huchon du fait d'une campagne de communication menée dans les six mois précédant les Régionales- puisse l'inciter à signer rapidement un accord avec le gouvernement. «Je crois plutôt, dit Gabriel Massou, que Maurice Leroy exerce une très forte pression».
Jeudi, le ministre de la Ville a dit espérer une signature dès mercredi prochain. «Normalement, si tout va bien», a-t-il indiqué après avoir reçu dans la matinée le président communiste du Conseil général du Val-de-Marne, Christian Favier. «Nous nous sommes globalement accordés sur le tracé à l'Est, en lien avec la Seine-Saint-Denis», a indiqué Leroy. Le ministre du Grand Paris connait cependant les blocages et s'en agace: «Je sais bien que les Verts sont le problème! Sans eux l'accord serait déjà signé! Mais que voulez-vous que je fasse, ce n'est pas à moi de faire la police au Conseil régional», a-t-il lancé. Mercredi prochain, le débat public sur le transport prévu à Saclay, zone importante de tension sur le tracé du transport en particulier entre les Verts et l'Etat - risque d'être mouvementé.
Présidente du groupe des verts à la régon, Cécile Duflot s'est montrée très claire jeudi soir à l'heure des voeux de Huchon : «Nous sommes opposés à l'idée d'un métro de Saclay, ce n'est pas un espace à urbaniser». Ministre de l'enseignement supérieur en plus d'être à la tête gu groupe UMP à la région, Valérie Pécresse est absolument furieuse. Elle veut rassembler sur le plateau de Saclay d'ici 2015 20% de la recherche nationale française. «Historiquement, les Verts ont toujours bloqué les projets ambitieux de notre région, rappelle-t-elle. Mais là ils seraient à contre-courant de l'histoire». Président de la RATP, Pierre Mongin renchérit : «Il y a une attente très forte des Franciliens et ceux qui les font attendre en paieront les conséquences». Pour sortir de cette crise, une seule solution : rédiger un accord dans lequel il serait écrit simplement qu'une «liaison» existerait entre Massy et Saclay, sans préciser sa nature.
Le monde
Un " accord historique " , se félicite
Jean-Paul Huchon. Une "
capitulation " , accuse Jean-Vincent
Placé, chargé des relations
extérieures d'Europe Ecologie-Les
Verts (EEL V). Après trois ans. de
bataille entre le gouvernement et la
région Ile-de-France, le projet du
Grand Paris, auquel Nicolas Sarkozy
attache " une importance particulière
", a, cette fois, fait voler en éclats la
majorité de gauche de l'Ile-de-
France.
Un plan d'action commun Etat-région'
devait être présenté en conseil des
ministres, mercredi 12 janvier, par
Maurice Leroy, ministre de la ville et
du Grand Paris. Il prévoyait près de
35 milliards d'euros d'investissements
à l'horizon 2025 pour réaliser,
notamment, une rocade de métro
automatique autour de Paris (23
milliards d'euros). M. Huchon,
président PS de la région, avait
donné son accord de principe, le 5
janvier, lors d'un dîner avec M.
Leroy. " C'est un projet colossal, la
plus grande oeuvre de mon mandat "
, se félicitait-il, le 12 janvier, en
estimant avoir obtenu d' " énormes "
avancées de la part de la part de
l'Etat.
Le gouvernement s'est engagé à
verser plus de 3 milliards d'euros sur
les quinze prochaines années pour le
plan régional de modernisation du
réseau de transport existant (11,9
milliards), soit près de deux fois plus
que ce que la région finance
aujourd'hui.
A la demande de sa majorité, M.
Huchon a pourtant dû faire machine
arrière. Il a demandé au
gouvernement " la poursuite des
négociations " mettant en avant
plusieurs points de désaccord. La
communication de M. Leroy en
conseil des ministres a été annulée à
la dernière minute.
La volte-face de M. Huchon s'est
jouée, la veille, lors de la réunion de
l'exécutif régional. Le patron de la
région a distribué, ce jour-là, aux
principaux représentants de sa
majorité, un document de cinq pages
que Le Monde s'est procuré intitulé "
Une vision partagée de l'Etat et de la
• région sur les transports publics du
Grand Paris " .
Rédigé par le cabinet de M. Leroy
après discussions avec M. Huchon, il
a été jugé " inacceptable " par M.
Placé, vice-président (EEL V) des
transports à la région. " M Huchon
nous à expliqué pendant des mois
que la loi sur le Grand Paris portait
atteinte aux pouvoirs de la région et
il est prêt à tout avaler aujourd'hui "
, confie M. Placé au Monde.
Candidat aux sénatoriales dans
l'Essonne, l'élu écologiste s'insurge
contre le projet de métro automatique
entre Orly et Saclay, ville de son
département. Présidente du groupe
EEL V à la région, Cécile Duflot
déplore avoir été tenue à l'écart des
négociations entre MM. Huchon et
Leroy. Les socialistes ont aussi
plaidé pour que l'accord soit "
retravaillé" . " Il faut qu'on aille à
un bon accord mais sans se mettre la
pression sur la date " , fait valoir
Guillaume Balas, président du
groupe PS à la région.
Première vice-présidente (PS) de la
région, Marie-Pierre de la Gontrie
envisage pour que la région se donne
jusqu'en avril s'il le faut avant de
signer avec l'Etat. Président du
groupe Front de gauche et
communiste, Gabriel Massou
souhaite le reporter à après les
cantonales. M. Huchon comprend
qu'il n'a pas de majorité à gauche s'il
soumet en l'état le texte de l'accord
au vote de son asse'mblée.
" C'est la première crise grave au
sein de la majorité " , reconnaît un
pilier socialiste de l'exécutif régional.
" C'est assez incompréhensible la
façon dont Jean-Paul - Huchon - a
négocié en chambre sans nous
associer ", remarque un autre élu PS.
Sous couvert d'anonymat, des élus de
gauche évoquent les embarras
judiciaires de M. Huchon pour tenter
d'expUquer sa volonté " d'aller à tout
prix à l'accord" .
Le 24 janvier, le Conseil d'Etat se
réunira pour statuer sur le sort du
patron de la région. M. Huchon est
menacé de voir son élection de mars
2010 invalidée par les juges au motif
qu'il aurait omis d'intégrer dans ses
dépenses de campagne une opération
d'affichage publicitaire sur l'action de
la région pour les transports diffusée
à l'automne 2009.
La haute juridiction pourrait soit
rendre sa décision, soit transmettre au
Conseil constitutionnel la question
prioritaire de constitutionnalité posée
par les avocats de M. Huchon, qui
contestent notamment l'automaticité
de l'inéligibilité. Dans cette seconde
hypothèse, le président de la région
sera fixé sur s,on avenir après les
cantonales. " Si les juges veulent me
couper la tête, ils le feront quoi que
je fasse " , s'indigne M. Huchon.
M. Leroy a prévu une
communication en conseil des
ministres mercredi 19 janvier. " Avec
Jean-Paul Huchon, l'accord est fait.
Il existe ", répète le ministre. Reste à
convaincre la majorité régionale.
Béatrice Jérôme