Vers le Grand Paris ?
À l’initiative de la Direction de l’architecture et du patrimoine (DAPA / ministère de la Culture et de la Communication) et de l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Val de Seine, deux conférences ont été données les 20 et 21 septembre 2007 sur le thème du Grand Paris. Deux architectes- urbanistes de grande renommée, Paul Chemetov et Yves Lion, et leurs “répondants”, le géographe Guy Burgel et le spécialiste des réseaux Gabriel Dupuy, avaient pour tâche d’alimenter le débat, devant un public fourni et attentif. Les soirées n’ont pas été bouleversantes et j’avoue être resté grandement sur ma faim. D’autant que la revue Urbanisme, depuis sa création en 1932, n’a cessé d’intervenir pour une politique urbaine cohérente à l’échelle d’un Grand Paris (aux configurations changeantes, selon les périodes) et que Paul Chemetov lui-même faisait d’excellentes remarques lors d’une table ronde sur ce sujet (Urbanisme n° 333, nov.-déc. 2003), en particulier en proposant que l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR) devienne l’Atelier d’urbanisme de la région parisienne. Pierre Mansat, adjoint au maire chargé des relations avec les collectivités territoriales d’Île-de- France, ne cesse d’encourager toutes les initiatives qui associent plusieurs territoires et préfigurent un futur “Grand Paris”. Les pièces de ce dossier complexe sont bien connues. Récemment encore, Gérard Lacoste, directeur général adjoint de l’IAURIF, a dressé la liste des évolutions dont il faut impérativement tenir compte pour tenter de construire cette nouvelle entité géographico-politique (“Schéma directeur de la Région Île-de- France, défis, planification, identité”, Urbanisme, hors-série n° 29, nov. 2006). Il convient dorénavant de penser politiquement ce Grand Paris et d’en délimiter un pourtour, nécessairement poreux, compte tenu des formes mêmes de l’urbanisation contemporaine et de la cartographie des mobilités. On s’en souvient, ce vieux serpent de mer est ressorti à l’occasion du discours du président Sarkozy à Roissy le 26 juin 2007, sous l’aspect d’une “communauté urbaine” à la taille de l’agglomération parisienne et du refus d’endosser le SDRIF – qui pourtant contient d’excellentes orientations. Le Grand Paris est un impératif, non seulement pour faciliter la gestion de cet ensemble territorial qui dépend de nombreux pouvoirs dispersés et parfois contradictoires, mais aussi et surtout pour améliorer les conditions de vie des Franciliens. Il va de soi que les deux chantiers repérés par Mireille Ferri, vice-présidente de la Région, sont à ouvrir : le logement social (à partir d’une éco-architecture couplée à un éco-urbanisme) et les transports publics (ouvrir des lignes transbanlieues ne serait pas un luxe !). Le véritable enjeu du Grand Paris est mondial, parce qu’il s’agit de la première destination touristique, et aussi parce que cette agglomération de communes possède d’énormes ressources, en particulier au plan universitaire (recherches et laboratoires), qui ne sont pas assez bien valorisées. Une série d’études exploratoires pourraient être lancées afin d’établir les “forces et faiblesses” d’un futur Grand Paris. La question fiscale, qui fâche, ne serait aucunement dissimulée, pas plus que la concurrence entre les institutions et les rivalités entre les villes des banlieues… La campagne électorale des municipales devrait, en Île-de-France, se fonder sur cette ambition collective : “Votez Grand Paris” !…
par Thierry Paquot