23 Novembre 2007
Mythes et légendes du développement territorial. L’autonomie politique dans l’interdépendance économique ?
Laurent Davezies, Université de Paris XII et Philippe Estèbe, Coopérative Acadie
Le développement territorial repose sur deux postulats : le premier est qu’il apporte une réponse aux déséquilibres territoriaux, et particulièrement à l’hyper-croissance métropolitaine, source d’iniquité et d’inefficacité. Le deuxième est qu’il n’existe pas de conflit d’échelle et que la somme de la compétitivité des territoires renforce la compétitivité internationale du pays. Il s’agit là, pensons-nous, de deux mythes qui servent à habiller les failles du système politique local et du pilotage du développement territorial. La « métropolisation » apparaît doublement mythique : d’une part, il n’est pas avéré que la part prise par les « métropole » dans l’économie nationale soit si écrasante qu’on le dit ; d’autre part, les territoires qui, aujourd’hui, disposent des indicateurs de développement les plus favorables sont précisément les territoires non métropolitains. La France ne souffre pas d’une métropolisation tentaculaire, mais au contraire de la fragilité de ses métropoles. La concordance des échelles relève elle aussi du mythe, et comporte le risque réel d’aggraver les difficultés métropolitaines, en accélérant la compétition pour attirer les ménages les plus solvables et épuisant les budgets publics dans une course poursuite à « l’équipement » des territoires. Au-delà de ces deux mythes se posent des questions de fond : quelle est la consistance de l’autonomie politique des institutions locales dans le champ du développement territorial alors que les territoires sont fondamentalement interdépendants ? La démultiplication de « petites nations » constitue-t-elle un gage d’efficacité globale ? Et, au total, pourquoi tous les « territoires » devraient-ils se « développer » ?
http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/54/07/70/davezies-estebe.pdf