7 Octobre 2007
J'ai participé à la marche silencieuse organisée à la mémoire de Madame Chulan Zhang Liu, à l’initiative de ses amis et de l’association Hui Ji.
Chulan Liu a perdu la vie en s’enfuyant par la fenêtre de son appartement le 20 septembre dernier Bd de la Villette (10e) en voyant arriver des policiers.
Elu d'un quartier populaire de l’est parisien, je connais la communauté asiatique.
Depuis un siècle la France accueille des migrants Chinois.
Ils sont en France pour y vivre. Ils travaillent dur. Leurs enfants vont à l’école. Mais qu’il ait ou non des papiers, chacun vit dans la peur de la police. Les contrôles aux faciès dans la rue, les cafés, les arrestations au domicile, sur les lieux de travail sont devenus leur quotidien. Les gens n’osent plus sortir, ni circuler, ni aller travailler. Les enfants partent à l’école, la peur au ventre. Je pense à une famille du XXe, qui n'ose plus sortir de chez elle.C'est la famille qui subvient à leurs besoins.
Quand aux «sans papiers», comme Chulan Liu, comme bien d’autres venus de nombreux pays du monde, c’est la peur d’être arrêté et reconduit à la frontière, la peur d’être séparé de sa famille. Un climat qui rappelle d’autres époques sinistres de notre histoire.
A la multiplication des réformes législatives, depuis 5 ans, qui restreignent toujours davantage les conditions d’entrée et de vie des étrangers dans notre pays, s’ajoute aujourd’hui l’obligation de résultat en matière d’expulsions, une politique du chiffre avec son cortège de discriminations, d’injustices et de drames.
Cette politique met en danger des personnes, des familles et des enfants. Elle suscite l’indignation, la colère et la résistance des citoyens et des associations dans les quartiers. Cette violence à l’égard d’une population souvent plongée dans la plus grande précarité et la détresse constitue une atteinte aux Droits de l’homme, indigne de notre pays.
Et la loi qui vient d’être votée au Sénat marque d’une tache honteuse l’histoire de notre pays.
Catherine Gégout, conseillère de Paris était là, comme les responsables de RESF, Brigitte Wieser, Pierre Cordelier, des représentants du MRAP, du CRAN
__________________________________________________________ Communiqué de l’association Hui Ji.
800 personnes environ se sont réunies à la Mémoire de Chunlan Liu de la Bastille à son domicile Bd de la Villette, où elle s’était défenestrée. Émus par cette tragédie, la plupart des participants étaient des « sans papier » de toutes les régions de Chine. Quelques chinois régularisés ou français se sont associés à cette marche, ainsi que les responsables de RESF, le CRAN, le cercle Gaston Crémieux et quelques intellectuels comme Michel Wieviorka. Des groupes de migrants originaires d’Afrique et du Maghreb ont rejoint le cortège vers Belleville. Les associations chinoises traditionnelles qui ont signé l’appel se sont peu déplacées. Nos enjeux : - que la volonté de la famille, que des journalistes français essayent de retrouver, soit respectée en termes de rapatriement du corps ou des cendres. La Mairie de Paris a proposé son concours et nous attendons les décisions de l’Ambassade de Chine. - que la pression de la police se relâche, en sachant que la plupart des sans papier chinois ont déjà déposé des dossiers à la Préfecture et de fait, ne sont plus clandestin (même s’ils ne sont pas régularisés). - que soit pris en compte l’intérêt économique de la France, acteur du monde globalisé, dans l’étude des dossiers des familles, qui pour une grande part investissent en France et créent une activité qui nous lie aux réseaux commerciaux internationaux et asiatiques. RESF comme Hui Ji et d’autres organisations attendent un geste clair de la Préfecture et des autorités.