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Pierre Mansat et les Alternatives

Luttes émancipatrices,recherche du forum politico/social pour des alternatives,luttes urbaines #Droit à la Ville", #Paris #GrandParis,enjeux de la métropolisation,accès aux Archives publiques par Pierre Mansat,auteur‼️Ma vie rouge. Meutre au Grand Paris‼️[PUG]Association Josette & Maurice #Audin>bénevole Secours Populaire>Comité Laghouat-France>#Mumia #INTA

Pouvoirs Locaux, numéro de mai "Paris, comment gouverner la métropole régionale?"

Je mets en ligne "Paris Métropole", l'article que je signe dans la livraison de mai de Pouvoirs Locaux [les cahiers de la décentralisation] Ce numéro est consacré à la gouvernance de la métropole parisienne. Avec des articles de Francis Beaucire, François Ascher, Vincent Renard, Christian Lefèvre, Daniel Béhar, Philippe Estèbe, Roland Castro, Mireille Ferri, Vincent Fouchier et de l'ami Laurent Davezies.               

Paris-Métropole

ouverte

sur la vie,

sur le monde,

sur le futur.

 

 

 

 

 

 

Dans l’imaginaire, dans la représentation, Paris c’est Paris « version grand angle ». Les spectateurs du stade de France à Saint-Denis, les touristes à Marne-la-Vallée, les scientifiques à Orsay-Saclay, les salariés de La Défense , les jeunes de Vitry ou d’Evry se retrouvent aux Halles, les Parisiens à Belle Epine ou aux théâtre des Amandiers à Nanterre. Ils  pensent et vivent à l’échelle métropolitaine.

Les pratiques des personnes, des entreprises, dessinent  une zone dense -Paris Métropole-  qui constitue un bassin de vie au cœur de l’agglomération. 500 000 habitants de cette zone dense travaillent à Paris, et 300 000 Parisiens quant à eux  travaillent en banlieue. Des milliers de décisions quotidiennes, loisirs, activités culturelles, achats, mobilité résidentielle…font et défont la ville et dessinent un espace de vie partagé.

La ville vécue ignore les frontières administratives figées. Les enjeux économiques du développement de cette aire métropolitaine sont évidents. C’est à cette échelle que les groupes internationaux décident de leur localisation. Mais ce qui est sans doute le plus important aujourd’hui c’est l’imbrication toujours plus complexe des différents enjeux auxquels doivent faire face les acteurs publics. Comment penser le développement durable de la métropole sans modifier radicalement notre manière de concevoir l’urbanisme, en y incluant résolument la question de la desserte en transports collectifs des zones les plus habitées, mais aussi celle de la gestion des déchets par exemple. Pour prendre sa pleine mesure et s’ouvrir sur le futur, ce territoire de vie doit innover et répondre à plusieurs défis : politique, démocratie, égalité et solidarité.

 

 

 

Le défi politique. Il est sans doute tant de s’éloigner d’un mode de pensée qui refuse de voir la réalité d’une centralité majeure qui s’étend par contiguïté autour de Paris et qui anime et entraîne tout ce qui l’entoure en produisant simultanément de l’intégration et de l’exclusion, de la continuité et de la ségrégation de part et d’autre du Périphérique, en passe de devenir le boulevard central de l’agglomération. Admettre la centralité parisienne, cela ne signifie pas minorer le poids d’autres centres qui structurent la métropole, qui produisent du développement pour leur population. C’est affirmer plutôt la solidarité de fait qui unit ces différentes échelles de centralité et reconnaître que si Paris allait mal, si son attractivité reculait, c’est toute la métropole qui en souffrirait.

 

Parce que cet espace de vie s’est construit dans un rapport de domination, la défiance – parfois même la rivalité - est grande entre la banlieue et la capitale. Pourtant, le développement de l’une comme de l’autre sera synergique ou il ne sera pas. A l’opposé de la concurrence, la métropole appelle l' « en commun », le partenariat et le partage des richesses, des pouvoirs et des savoirs. Si les élus ne sont pas capables de penser leurs actions à cette échelle, les interventions publiques perdront de leur force face à la loi du marché, aux grands groupes qui eux mettent en œuvre leur décision à cette échelle métropolitaine. Mais là encore il ne s’agit pas d’ignorer l’histoire. La domination de Paris (qui, rappelons le, fut dirigée directement par l’Etat pendant des siècles et qui n’élit un Maire que depuis 1977) a été réelle. Le cœur de la région a bien souvent été conçu comme un territoire « servant » de la capitale, comme d’ailleurs dans la plupart des métropoles du monde. Dans ce contexte complexe, des collectivités ont construit leur légitimité et leur utilité pour les citoyens grâce à des politiques souvent innovantes en matières sociale ou culturelle notamment. C’est une raison de plus aujourd’hui pour décider d’en haut que telle ou telle de ces échelles administratives et politiques ne serait plus pertinente. Par contre on peut affirmer avec force qu’il est tant que de la commune à la Région , en passant par l’intercommunalité et le département, un dialogue structuré soit mis en œuvre entre chaque échelle territoriale pour faire face aux défis quotidiens que mettent en lumière la vie et les pratiques des citoyens.

Le défi démocratique. Au contraire d’un « Grand Paris » entendu comme une annexion de la « périphérie » par le centre dominant, c’est ce territoire multipolaire qui doit trouver sa cohérence. La Conférence Métropolitaine – lieu d’échanges et de dialogue composée des maires ou de responsables d’exécutifs de la métropole - est la reconnaissance de la diversité, de l’égalité : chaque ville, chaque collectivité, quelle que soit sa taille compte pour une. Elle doit favoriser l’appropriation citoyenne du territoire métropolitain, au travers de projets comme la « cité de la ville » à Ivry.

 La Conférence métropolitaine est une réponse qui nous semble adaptée à la maîtrise d’un espace vécu par des millions de citoyens. Elle doit être un moteur de la culture de coopération favorisant des rapports permanents et respectueux avec des territoires plus larges  comme la région,  ou plus resserrés, comme les communes, les intercommunalités, les départements. De nombreux élus portent - au delà des querelles de principes et de représentation - la conférence et lui permettent de se construire en marchant, sans avis préconçu sur tel ou tel point d’organisation. Ici le principe un élu égale un élu est fondamental. C’est une scène de dialogue politique qui se construit, au-delà des clivages partisans. C’est le contraire d’une décision imposée, car elle procède du choix de chacun d’y participer en fonction de la pertinence du sujet pour son territoire. La Conférence métropolitaine ne résume pas à elle seule les modes de coopération que la Ville de Paris met en œuvre avec ses voisins pour faire face à des défis partagés, différentes formes de structuration du travail sont mises en œuvre (charte de coopération avec des communes ou des intercommunalités, conférences interdépartementales, organisation d’un dialogue inédit pour l’élaboration du Plan Local d’Urbanisme et du Plan de Déplacements de Paris ou tout simplement rencontres régulières tenues entre élus ou services sur des dossiers ponctuels). Il s’agirait, pensons-nous, d’une « fausse bonne idée » de recourir aujourd’hui à un mode de coopération institutionnalisé sur le mode d’une intercommunalité. Non que le principe en soit à rejeter pour toujours en lui-même, mais il nous semble que les enjeux se dessinent à des échelles très diverses et qu’il ne faut pas à ce stade figer un processus de coopération dans un périmètre strict dont certains seraient exclus. Il existe aujourd’hui des zones qui exercent des fonctions de centralités directement liées à la capitale, sans pour autant en être très proches géographiquement, c’est par exemple le cas de toute le secteur Orly-Rungis au sud du Val-de-Marne et au nord de l’Essonne. Certains enjeux se posent à une échelle clairement identifiée et que l’on pourrait sans doute délimitée, d’autres par contre, comme la question de l’environnement au sens large (gestions des déchets, prévention des risques naturels, lutte contre l’étalement urbain…), doivent être traités à des échelles très larges, qui ne peuvent qu’être dessinnées que par la volonté des élus de travailler ensemble sur ces sujets.

Le défi égalitaire et solidaire. Il existe bien évidemment des inégalités entre le « centre » et la « périphérie », mais ces inégalités traversent aussi  Paris même, et sont peut-être encore plus criantes entre les diverses banlieues. Nous aurons à choisir entre une métropole où se côtoient pôles d’excellences et cités reléguées, productivité très élevée et pauvreté et une métropole du partage ou le bien être de chacun sert l’intérêt de tous. Rééquilibrer les territoires, est un enjeu humaniste mais aussi de dynamisme et de stabilité. Nous devons prendre résolument le parti, de développer la recherche, l’emploi et la mobilité au Nord et à l’Est de la métropole. C’est le choix que porte la Ville de Paris, comme d’ailleurs le Conseil régional à l’heure de la révision du Schéma directeur. Les territoires seront toujours différents, ils n’exerceront jamais les mêmes fonctions, économiques notamment, mais si cette diversité n’est pas pensée, discutée et assumée en commun, quitte à ce que cela nourrisse des confrontations, elle sera synonyme de ségrégations renforcées.Parce que le rayonnement de la capitale est un moteur régional, national, européen incomparable, parce que son aura sert les valeurs de liberté, d’égalité de fraternité auxquelles elle est identifiée, Paris doit garder sa place de premier plan. Franchir le cap métropolitain en est une condition pour l’avenir de Paris, comme pour celui de la métropole, de la région et du territoire national dans son ensemble. Pour cela il faut promouvoir une autre façon de gouverner démocratiquement la métropole, Comment ? Sous quelle forme ? Dépasser les clivages partisans et territoriaux classiques, coordonner les politiques publiques afin de répondre plus activement, aux besoins de déplacements, de logements, d'emplois, d'écologie aux enjeux d’une agglomération capital

En s’emparant de la question des déplacements, du logement et de l'habitat ,du développement économique, …. la Conférence Métropolitaine de l’agglomération parisienne, scène politique innovante et moderne,   s’est invitée, durablement dans la réussite de ce « pari métropolitain ».

Pierre Mansat
Adjoint au Maire de Paris, chargé des relations avec les collectivités territoriales d’Ile-de-France.

 

 

 

 

 

 

La prochaine session de la Conférence Métropolitaine aura lieu le 6 juillet à Cachan

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