Le vendredi 25 septembre, les socialistes Jean-Paul Huchon, Bertrand Delanoë, Claude Bartolone et bien d’autres investiront le théâtre municipal de Neuilly, à l’invitation de Jean-Christophe Fromantin (sans étiquette), maire de la ville, pour dire tout le mal qu’ils pensent du projet de loi visant à créer une Société du Grand Paris. Concocté par Christian Blanc, secrétaire d’Etat chargé de la Région capitale, ce projet de loi provoque un tollé à gauche.
"Inacceptable", "procédure d’exception autoritaire", "reprise en main de l’Etat", "remise en cause de la décentralisation", "atteinte à la démocratie locale"… Les mots sont durs à l’encontre du gouvernement et du chef de l’Etat. Le syndicat Paris Métropole, qui regroupe 98 collectivités franciliennes essentiellement de gauche, y est allé également de son communiqué inquiet dénonçant un "prétexte pour écarter les autorités locales légitimes". Le bureau de cette instance, présidée par le député-maire de Cachan, Jean-Yves Le Bouillonnec (PS), comprend quatre maires de droite sur 29 représentants: Laurent Lafon (Vincennes), Philippe Laurent (Sceaux), Jacques JP Martin (Nogent-sur-Marne) et Jean-Christophe Fromantin. L’édile de Neuilly s’explique.
Vous accueillerez la prochaine assemblée plénière de Paris Métropole, le 25 septembre. Une provocation?
Ce n’est pas une provocation, ni vis-à-vis de droite ni vis-à-vis de la gauche, qui a souvent une image déformée de notre ville. Je n’ai qu’une motivation: préserver le dialogue entre les élus du Grand Paris et l’Etat. Sans esprit polémique. Je souhaite apaiser la tension du démarrage. Je dis à mes collègues et au gouvernement: attention de ne pas planter l’indispensable construction du Grand Paris au premier obstacle rencontré. Lors du lancement de Paris Métropole, en juin à Clichy-sous-Bois (93), j’avais proposé d’organiser la deuxième assemblée plénière à Neuilly; l’idée vient d’être validée par le bureau. Ce sera une séance d’ouverture. Un symbole fort. Car Neuilly, ville de droite, est au cœur des problématiques de notre agglomération, située entre deux polarités stratégiques: paris intra-muros et la Défense.
Le projet de loi instaurant la future Société du Grand Paris est très contesté. Etes-vous solidaire du gouvernement (à l’instar de l’UMP) ou des élus de gauche?
J’ai validé, comme mes homologues de droite, le communiqué de Paris Métropole. Car la première mouture du projet de loi n’était pas satisfaisante. Les maires franciliens craignaient légitimement de perdre certaines prérogatives, comme leur droit de préemption. Et puis, il faut du temps pour discuter, ne pas se précipiter, prendre garde à ne pas griller les étapes. En tant qu’élus, nous sommes dans notre rôle, on se devait de réagir. Heureusement, j’ai l’impression que le gouvernement met de l’eau dans son vin. François Fillon a donné des signes encourageants. Il semble maintenant ouvert à un vrai dialogue. Le Grand Paris ne pourra pas se faire avec un seul acteur, l’Etat. En face, les élus doivent aussi adopter une attitude constructive. J’espère que les élections régionales ne viendront pas tout compliquer.
A Neuilly, vous êtes dans la ligne de mire de l’UMP et de Jean Sarkozy. Ne craignez-vous pas qu’on vous reproche de faire le jeu de la gauche?
Je prends le risque, considérant que les gens ne sont pas idiots, à Neuilly comme ailleurs. L’élaboration du Grand Paris est un sujet qui me passionne. J’ai envie de m’impliquer. J’estime que Paris Métropole a du sens et un rôle à jouer. Et je pense que la manière dont le président de la République a lancé le Grand Paris n’est pas si mauvaise, avec une impulsion politique forte, le travail des dix équipes d’architectes et le plan de transport. C’est pourquoi, nous devons absolument nous entendre. Ma démarche n’est aucunement une réponse à la vie municipale de Neuilly. Je serai sans doute critiqué à gauche et à droite. Dans les deux camps, beaucoup se sentent obligés de se ranger derrière des positions partisanes. Moi, je ne suis pas aux ordres d’un parti, je suis libre.