26 Mai 2009
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http://www.lemoniteur.fr/159-culture/article/point-de-vue/606516-l-exposition-du-grand-pari-s-des-projets-fumigenesGérard Monnier | 05/05/2009 | 15:55 | Culture
"Est-il donc fini le temps des contre-projets, des polémiques, des manifestes?", s'interroge Gérard Monnier, professeur émérite de l'Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, au sujet des dix propositions pour le Grand Pari(s).
Voici une dizaine d'architectes qui entament la dérive de la discipline, au début de ce nouveau siècle. Plus de projets d'improbables structures, plus d'architectures-systèmes, plus de visions d'utopies, mais des attitudes modestes d'intervention douce, de réanimation, de correction, qui limitent leurs ambitions à de minuscules pensées - un TGV à La Défense, pour l'ouvrir sur l'Europe - à des fragments de projets urbains. Tous aménageurs! Tous géographes! Tous partisans de la mobilité! Tous champions du développement durable!
- Mais sur un fond de tableau abstrait. Pas de place pour: les structures politiques et administratives, les décideurs, les habitants, les sociologues. Un vide: administratif, juridique et social. Plus de: banlieues, plus ou moins difficiles; plus de zones d'exclusion et de privilèges.
- Mais un intérêt démesuré pour la mobilité, pour les instruments qui la permettent, pour son extension au monde entier.
- Mais une place pour le divertissement, pour un vague "art urbain" déjanté, pour un "Panthéon à pied" (projet Castro).
- Mais une place à la "casse des règles d'urbanisme", à la déréglementation des droits à construire, à une libéralisation du foncier (projet Lion).
Un rideau de fumée? Un (petit) théâtre de lumières et d'ombres, d'images et de formules-choc, dans une formidable mise en spectacle de la périphérie des décisions du président de la République. Et sans engagement des décideurs, simplement invités à "en faire bon usage", comme le déclare ingénument la ministre de la Culture! Mais les plus ingénus sont encore ces architectes, de grand talent, qui acceptent de jouer ce jeu de faire-valoir, en simulant une anticipation bienveillante, en jouant le politiquement correct. Est-il donc fini le temps des contre-projets, des polémiques, des manifestes?
Gérard Monnier, professeur émérite de l'Université de Paris I Panthéon-Sorbonne
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Gérard Monnier | Source LE MONITEUR.FR