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Pierre Mansat et les Alternatives

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> Nicolas Sarkozy et le Grand Paris : une course sans faute ?, par Frédéric Edelmann

Analyse
Nicolas Sarkozy et le Grand Paris : une course sans faute ?, par Frédéric Edelmann
LE MONDE | 11.05.09 | 14h07  •

'il est permis de comparer un discours présidentiel à un slalom géant, le discours du 29 avril pour l'inauguration de l'exposition consacrée au Grand Paris peut apparaître comme une course sans faute, au détail près qu'il s'était mis en situation de n'avoir pas de concurrent, ni d'ailleurs de ligne d'arrivée. Pour éviter toute omission dans son discours, et bien marquer la différence des statuts, il a d'entrée de jeu salué les inévitables partenaires du projet, notamment le maire de Paris et le président du conseil régional, auxquels il redonnera du cher Bertrand (Delanoë) et du cher Jean-Paul (Huchon) à chaque virage un peu risqué.

S'attaquer aux problèmes et à l'avenir de la métropole est unE question extrêmement complexe sur laquelle travaillent l'équipe et les élus de la capitale et de la région depuis plusieurs années, dans un esprit de collégialité et d'échange, au sein du groupe Paris-Métropole. Celui-ci associe à une majorité d'élus de gauche quelques élus de droite. Mais la donne pourrait changer avec le signal donné par M. Sarkozy.

Si Bertrand Delanoë, avec ses adjoints Anne Hidalgo et Pierre Mansat, a le bénéfice de l'antériorité, M. Sarkozy peut être crédité d'avoir lancé dix équipes, à la fois diverses et volontaristes, pour réfléchir librement à ce qui mine le développement de Paris : transports, habitat, déséquilibres sociaux, environnement...

L'idée de placer en corollaire obligé de la réflexion urbaine, la question de l'après-Kyoto, c'est-à-dire celle des conditions dans lesquelles la ville va devoir évoluer, relève à cet égard d'une belle lucidité. La mairie a suivi, pas seulement "pour voir" : financièrement et par l'engagement de ses experts. Et pour garder le rôle moteur qui est inévitablement le sien, et que M. Sarkozy ne lui a pas récusé.

Pour évoquer l'avenir, M. Sarkozy s'est adossé à l'exposition de la Cité de l'architecture et du patrimoine, autrement dit sur un exposé résumé et simplifié à l'usage du public, du travail sans précédent des dix équipes sélectionnées. Le fait marquant de cette opération est qu'elle s'oppose radicalement aux principes qui avaient jusqu'à présent dirigé le destin de Paris. Or ce contexte historique, marqué, pour simplifier, par trois grandes périodes, est essentiel pour comprendre la situation actuelle et le rôle de l'Etat.

Premier tournant : la capitale repensée par Napoléon III et Haussmann, dans le contexte de l'industrialisation, puis celle du XXe siècle, imprégnée des idées de progrès et de modernité, qui culminera avec le général de Gaulle et Georges Pompidou, assistés par des personnalités comme le préfet Paul Delouvrier. Depuis, la destruction des Halles, en 1974, avait bloqué toute initiative d'ampleur dans un Paris physiquement ceinturé depuis 1973 par le périphérique, et politiquement isolé.

Troisième temps : les années 1980 deviennent celles du doute, de l'effarement devant les conséquences sociales et souvent esthétiques, d'un siècle et demi de certitudes. Plutôt que d'affronter la réalité prévisible, les prédécesseurs de M. Sarkozy font de la capitale une terre de démonstration architecturale : ce seront les grands travaux de Valéry Giscard d'Estaing (le Musée d'Orsay), de François Mitterrand (du Grand Louvre à la Grande Arche de la Défense), de Jacques Chirac ( le Musée du quai Branly). Repenser aujourd'hui l'agglomération parisienne apparaît comme une mesure de salut. C'est entrer dans une nouvelle ère, ce qu'ont compris M. Delanoë puis M. Sarkozy.

Aux questions posées, les dix équipes ont répondu non par des solutions simplistes ou théoriques, mais par des analyses susceptibles d'aboutir, dans un deuxième temps, à des méthodes de travail concrètes. Nicolas Sarkozy a effectué un vertigineux parcours glanant chez chaque équipe une ou plusieurs idées fortes : aller de Paris au Havre en suivant la vallée de la Seine ; construire avec une volonté à la fois esthétique et le souci d'une identité renouvelée pour la future capitale ; bâtir librement haut ou bas "pourvu que ce soit beau" ; repenser l'échelle du territoire ; respecter l'histoire sans peur de formes nouvelles ; accepter l'héritage, le bon comme le mauvais, pour le redessiner ; multiplier les forêts (30 % !) ; enfin, et surtout, réinventer les infrastructures de transports, déplacer les gares et les pôles d'échange, respecter la mobilité (35 milliards d'euros ont été annoncés).

Puis, la pente du discours l'emportant, M. Sarkozy a énuméré une impressionnante série de projets dont la traduction, au-delà de leurs dimensions structurelles, intellectuelles et techniques, passera inévitablement par des choix formels, ce qu'exigeront aussi les 70 000 logements promis. Jamais les architectes n'auront été à pareille fête.

Quelle sera la porte de sortie, si la volonté politique ne faiblit pas, et si les fonds nécessaires sont trouvés au-delà de ceux imputés aux transports, vieille méthode, nécessaire et urgente, mais dont l'histoire a montré les limites ? Comment synthétiser les milliers d'idées livrées par dix équipes qui auraient pu être cent, et amener cette ambition urbaine au stade d'un chantier crédible, qui ne reste pas de l'ordre de l'utopie ? M. Sarkozy dit le croire : Etat, villes et régions ne seront pas de trop, pour accoucher du Paris du XXIe siècle.

 


Courriel : edelmann@lemonde.fr

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