28 Août 2024
Libération de Paris, quelques précisions sur le processus, le rôle des 3 V du COMAC Vaillant( de Voguë), Valrimont (Kriegel), Villon (Ginsburger)
Un texte de Anne Fortier-Kriegel
[fille de Maurice Kriegel-Valrimont]
‼️L’insurrection de Paris en août 1944 se déroula en neuf journées du 17 au 25 août. Ce soulèvement populaire est le moyen alors pour la France d’échapper au protectorat américain et de ne pas être administré par l’AMGOT comme l’avaient annoncé les alliés. La bataille de Paris a permis de faire entrer la France dans le cercle des alliés C’est ce qu’affirme de Gaulle dans son discours de Paris libéré : Paris libéré par lui-même, Paris libéré par son peuple…
🟥Cette insurrection a été préparée de longue date par les chefs de la résistance intérieure, son succès se joue entre le débarquement et le 25 août.
🔸️Le 13 mai 1944 le Conseil National de la Résistance met en place le comité d’action militaire, le COMAC, commandement suprême des forces militaires de l’intérieur, Etat Major National des FFI
et il désigne comme responsables les trois V : Vaillant, Valrimont, Villon. A côté, se situe le commandement extérieur représentant Londres et les alliés. Sous l’autorité du Comac qui va les désigner, le général Joinville et le colonel Rol-Tanguy. Tous les chefs de régions comme Joinville et Rol sont hiérarchiquement sous les ordres de Valrimont.
🔸️Ce qui est alors en jeu et qu’on ne veut pas faire apparaître encore actuellement, ce sont les deux positions qui s’affrontent et ne cesseront de s’affronter : l’attentisme du jour J prôné par les représentants de Londres et celle de la Résistance intérieure, l’action populaire et l’insurrection nationale.
🔸️A travers plus de quarante réunions clandestines avec des PV, le Comac organise et engage l’action en coordonnant toutes les sensibilités politiques et sociales. Il met en œuvre la résistance intérieure « car c’est de l’intérieur qu’on peut le mieux intervenir ». Le Comac élabore la conception de la guerre qu’il étudie avec le plus grand soin. Il puise ses modèles dans les soldats de l’ An II, les francs-tireurs, les communards organisés contre Bismarck, à partir de toutes les expériences de résistance nationale et de guérilla française, y compris Clausewitz.Cette conception réclame le soulèvement de l’action populaire. Elle met en œuvre une armée de volontaires, la population toute entière sert d’armée de réserve.
- Le 14 août l’État Major et les FFI sont en alerte.
-Le 16 août l’heure du combat insurrectionnel est annoncé.
- A partir des 17,18,19 août le combat est engagé. L’action populaire se déploie et récupère des armes , elle engage des gréves dans les chemins de fer, le métro, la police.
-Le commandant du Gross Paris exerce la répression au bois de Boulogne mais « la peur a changé de camp ».
-Le 20 août on évoque une trêve, celle-ci génère de vifs affrontements entre les répresentants des alliés et la Résistance Intérieure car chez les alliés, l’insurrection populaire suscite la crainte d’une prise du pouvoir et la consigne est de « freinez la guérilla »
-Le 21 août Le CNR est réuni au 8 avenue du Parc-Montsouris. Parodi et Chaban-Delmas sont présents, ainsi que les membres du Comac. Il s’agit de prendre position sur la trêve. Le Comac unanime se rebiffe, s’élève avec force car il considère que c’est un « grave danger que de laisser les nazis libres de leurs mouvements dans Paris ». Le CNR se rallie à un appel au combat. Dès lors, les combats se poursuivent, Pierre Crenesse lit à Radio Paris l’appel à l’insurrection rédigé par le Comac. Chaque quart d’heure et toute la nuit, entre le chant de la Marseillaise, l’appel à l’insurrection est répété.
-Le 22 août au matin à la préfecture de police, Valrimont conduit par le préfet de police,Charles Luizet, s’adresse à des centaines de policiers pour leur annoncer « l’accord de toutes les forces de résistance pour aller à la victoire ». L’appel à l’insurrection lancé à la radio a été entendu. D’innombrables barricades se construisent. Elles Trans forment Paris en piège pour les Allemands. Les Journaux paraissent sur les boulevards et les barricades : Le populaire, Front National, Francs-Tireurs, Combat, Libération, Résistance, Défense de la France…
-Le 23 août les Allemands rompent.
- Le 24 août annonce de Leclerc « Tenez bon, nous arrivons ».
-le 25 août l’acte de la réédition est signé par Von Choltitz. A la demande de Valrimont, Leclerc donne son accord pour que les FFI soient présents dans la signature.
🟥Si chaque époque relie l’Histoire en fonction des intérêts du moment, jouer sur l’émotion et le courage du peuple et le montrer sans évoquer en même temps, la difficile, longue préparation des dirigeants de la Résistance et en l’occurrence du Comac qui, seuls, ont porté la préparation de ce moment, ne va pas, parce que c’est précisément leur abnégation qui a guidé le courage de tous, de la population toute entière, si la Résistance l’emporte, c’est parce qu’elle est unie, unanime, structurée et hiérarchisée (chacun à son poste). Une référence utile pour affronter les crises a venir.