3 Mars 2021
Le président de la République a reçu le 2 mars 2021 à l’Elysée quatre petits-enfants de l’avocat Ali Boumendjel et a reconnu son assassinat en 1957 durant la guerre d’Algérie par des militaires français. Après cette reconnaissance tardive que sa veuve n’avait cessé de demander jusqu’à sa mort en août 2020 à l’âge de 101 ans, la France doit poursuivre son travail de reconnaissance de la violence de la colonisation et des crimes commis sur le peuple algérien.
Ali Boumendjel fut victime comme plusieurs membres de sa famille, Belkacem Amrani, André Amrani, et leur ami Mohand Selhi et comme des milliers d'autres algériennes, algériens - toujours anonymes - d'un système de terreur basé sur la disparition forcée et sur le mensonge. L’ "évasion" de Maurice Audin, les « suicides » d’Ali Boumendjel et de Larbi Ben M’Hidi visaient à cacher la réalité et l'horreur des faits. Contrairement au communiqué présidentiel de septembre 2018 reconnaissant lors d’une visite à sa veuve, Josette Audin, l’assassinat de Maurice Audin, ce communiqué ne rappelle pas l’existence de ce système. C'est dommage.
Selon nous quelques priorités restent actuelles:
Le travail de recherche et de publication sur les milliers et milliers de «disparus» doit être mené beaucoup plus activement. Les proches et descendants des victimes de la disparition forcée, de la torture et des exécutions sommaires doivent recevoir une réparation symbolique. Cela implique que les deux États coopèrent et mettent en place des moyens pour identifier et rechercher des documents, localiser les tombes et fosses communes, et pour l'identification des corps. [ Voir le travail de recherche mené par le site www.1000autres.org ]
Le communiqué évoque la nécessaire ouverture des archives. Or cette volonté est contrariée par une instruction interministérielle qui rend obligatoire une procédure de déclassification préalable pour tous les documents pourvus de tampons « secret », bien que la loi prescrive la communication « de plein droit » pour les archives datant de plus de 50 . L'Instruction Interministérielle IGI 1300 qui impose ce processus doit être annulée. La dérogation générale doit être prise sans tarder et la venue en France de chercheurs algériens pour consulter les archives françaises doit être facilitée.
L'histoire des avocats,"soldats du refus", éditeurs, journalistes, militants politiques et associatifs opposés à la colonisation et à la guerre doit être mieux connue et valorisée.
La proposition du rapport de Benjamin Stora d’un colloque international sur les refus de la guerre d’Algérie doit être retenue.
Le prix de mathématiques Maurice Audin, initiative exemplaire d'amitié franco-algérienne, doit être pérennisé par des subventions d'institutions publiques.
L'association a adressé ces propositions au président de la République le 9 février 2021 et regrette ne pas avoir reçu à ce jour d'accusé de réception
L'Association Josette et Maurice Audin le 3 Mars 2021
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