Alors que l’historien Benjamin Stora a remis au Président de la République son rapport sur les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie, EELV tient à saluer ce travail qui permet d’ouvrir la voie au libre débat sur cette question et d’avancer des propositions concrètes pour favoriser la réconciliation entre la France et l’Algérie.
Parmi les 22 propositions avancées dans ce rapport, certaines sont portées par les associations mémorielles depuis de nombreuses années. C’est le cas de la reconnaissance des crimes du 17 octobre 1961 ou de la demande d’accessibilité et d’ouverture complète des archives relatives à cette douloureuse période. D’autres mesures doivent permettre à toutes les victimes de cette histoire de dépasser les traumatismes qui y sont liés et d’avancer vers une véritable réconciliation. C’est le cas des mesures concernant les Harkis, leurs enfants et les rapatrié.es d’Algérie. Parmi les sujets abordés dans ce rapport, les écologistes sont particulièrement attentifs à la question des essais nucléaires dans le Sahara algérien dont on ne mesure aujourd’hui encore que très partiellement l’étendue des dégâts tant sur la population et que sur l’environnement.
Si l’on peut parfois regretter certaines lacunes ou prises de positions, ce rapport constitue néanmoins une première étape salutaire et encourageante. L’Etat français se doit d’agir, mais ce travail de mémoire doit aussi et surtout se faire en dehors de la sphère étatique, qu’elle soit française ou algérienne, avec les victimes et leur descendant.e.s, accompagné.e.s des historiens et historiennes.
Toutefois, ce travail ne pourra pleinement porter ses fruits qu’avec l’expression au nom de l’Etat français, d’une condamnation pleine et inconditionnelle de la colonisation comme processus de domination et d’exploitation par la violence des peuples et de leur environnement, et tout particulièrement des crimes commis durant la guerre d’Algérie.
Au-delà de la question des excuses, écartées des recommandations du rapport et d’emblées exclues par le Président Macron, c’est surtout les questions de vérité, de justice et de réparation qui se posent. En effet, ces crimes commis durant la colonisation et la guerre d’Algérie, imprescriptibles aux regard du droit international, ne peuvent pas être simplement passés sous silence et devraient a minima faire l’objet d’un mécanisme de justice transitionnelle, comme une commission de vérité et de réconciliation.
La colonisation est un traumatisme pour les peuples qui l’ont subie et qui la subissent encore de nos jours et demeure l’une des pages les plus sombres de l’Histoire de notre pays et il nous faut aujourd’hui la regarder avec lucidité, honnêteté et transparence. En ouvrant ce débat sur les questions mémorielles de la colonisation et de la guerre d’Algérie, le rapport Stora doit être la première pierre d’un travail plus large sur toutes les mémoires coloniales dans lesquelles la France est impliquée.
Dans ce processus, les écologistes prendront pleinement leur part, conscients des enjeux pour la France et les pays et peuples ayant connu sa colonisation. Soucieux de fonder avec eux des relations d’égal à égal basées sur la paix, la fraternité et la coopération, cette approche permettra également d’en finir avec une politique française encore trop souvent néocolonialiste idéologiquement comme économiquement.
Alain Coulombel et Eva Sas, porte-paroles
Les Commissions Transnationale et Quartiers populaires d’EELV
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