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Pierre Mansat et les Alternatives

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Une belle découverte de rock indé: H-Burns

Sur Le Monde.fr
Musique : H-Burns, le folk à la française
Par Bruno Lespri
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Comme les baby-boomeurs qui fréquentaient jadis le Golf Drouot et ne juraient que par Elvis et les westerns, une génération plus obscure de musiciens français (d’Herman Düne à Hey Hey My My, en passant par Coming Soon) ne semble miser que sur la route et les grands espaces, au point d’en oublier sa langue natale au profit de celle de Johnny Cash. Avec son pseudonyme qui laisse présager un bluesman centenaire, H-Burns avait d’ailleurs dédié son premier album, Songs From the Electric Sky (2006), à « l’homme en noir » de la country. Blanc-bec grandi à Romans-sur-Isère (Drôme), Renaud Brustlein a rapidement attiré la sympathie pour la grandeur de ses influences (Leonard Cohen, Bob Dylan, Bruce Springsteen) sans complètement dissiper le doute sur l’intérêt de la démarche : c’est que le secteur de l’americana, ces modernes qui revisitent le patrimoine country, blues et rock, offre outre-Atlantique un vivier inépuisable d’aspirants à la gloire, qui n’ont aucun effort à faire pour maquiller leur accent.
Réserves balayées par Midlife, septième album de H-Burns, magnifique recueil de douze folk songs qu’on aurait louangées si elles venaient d’une bourgade du Colorado ou de Pennsylvanie. On ne va pas bouder son plaisir parce qu’en guise de Rocheuses ou d’Appalaches, le cadre proposé, aussi montagneux, est le Vercors et le massif de la Chartreuse, en bordure duquel le musicien s’est installé, dans la commune de Corenc. « Un paysage proche des Hollywood Hills, avec une route qui serpente, très Mulholland Drive », compare-t-il. Raccord avec une musique dépouillée, privilégiant accroches de guitares sèches et saturations à la Neil Young et claviers organiques, soutenus par la touche d’Earl Harvin, batteur des Tindersticks. Ce qui fait de H-Burns le local le plus indiqué pour être la vedette américaine de Cat Power le 4 juillet, en ouverture du festival Days Off, à la Philharmonie de Paris. La guitariste de la chanteuse folk soul sudiste, Adeline Fargier, est d’ailleurs une bonne copine à lui.
Crise de la quarantaine
A rebours des musiques urbaines dominantes, il évoque dans ce disque de crise de la quarantaine une France périphérique que l’on n’entend guère dans les chansons d’ici, ce qui peut faire regretter l’usage de l’anglais : « J’ai passé vingt-cinq ans de ma vie à Romans et j’en parle dans Midlife ou dans Friends. Une mythologie springsteenienne avec l’industrie de la chaussure – mon père était contremaître chez Jourdan – qui s’est cassé la gueule. Il y a là-bas un taux anormal de gens devenus un peu fous, j’ai beaucoup d’amis qui ont mal tourné, drogues et alcool. Dreamchaser, c’est sur un pote schizophrène qui a disparu il y a bientôt sept ans. Il figure parmi les victimes potentielles de Nordahl Lelandais. »
Pour ajouter à la joyeuseté du propos, Black Dog traite de la dépression, mais l’humour n’est pas en berne. Dans le clip du remuant Crazy Ones, H-Burns, en chemise de bûcheron, a été kidnappé par une famille white trash et chante dans leur caravane sous la menace d’une arme à feu. Il finira massacré par la fille, à coups de batte de baseball. « Crazy Ones est le premier de mes singles qui passe autant en radio, se félicite-t-il. Des ayatollahs de l’indé ont trouvé que j’étais un vendu. »
L’indé ? Le rock dit indépendant, gage d’intégrité face à la vulgarité commerciale du mainstream. Qui offre souvent la garantie de s’adresser à une niche d’auditeurs, surtout quand on s’exprime en anglais. « Il y a eu pour moi trois moments importants, rappelle-t-il. La découverte du premier volume des Bootleg Series de Bob Dylan quand j’avais 11-12 ans et que j’essayais de reproduire, depuis j’adore faire des maquettes. Ensuite, le metal, Napalm Death notamment, m’a donné le goût pour les scènes alternatives. Et puis, dans les années 1990, ces groupes américains, Pavement, Smog ou Palace, qui chantaient les banlieues. Des maisons de disques comme Drag City, Matador et Touch and Go me faisaient rêver. »
Patron des magazines So Foot et So Film (et depuis, Society), Franck Annese s’entiche de son troisième album, We Go Way Back, et monte spécialement pour lui le label Vietnam dont il sera l’unique pensionnaire pendant deux ans. L’association lui ouvrira les portes du studio de Steve Albini (producteur des Pixies et de Nirvana), avant qu’il ne travaille avec Rob Schnapf, collaborateur d’Elliott Smith.
Pour Midlife, le « Do it Yourself » inhérent au rock indé a été mené à son terme : il a pris les choses en main au studio Black Box, près d’Angers, pour finaliser l’enregistrement en huit jours, sur bandes, à l’ancienne. Et s’est senti suffisamment en confiance pour réaliser l’album de quelqu’un d’autre, en l’occurrence Morgane Imbeaud, ancienne chanteuse de Cocoon, dont il a coécrit la moitié des chansons. En français, cette langue qui lui avait toujours échappé. « Il est peut-être temps d’essayer pour moi aussi », glisse-t-il, conscient que le défi sera difficile à relever : « à part Gainsbourg, Bashung, Bertrand Belin et Dominique A, 99 % des disques que j’écoute sont anglophones ».
Bruno Lesprit

 

 

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