16 Juin 2016
L'Atelier international du Grand Paris fait peau neuve pour davantage coordonner la
construction du projet métropolitain
Par Lucie Romano
Un nouveau conseil scientifique pour la rentrée 2016, en mesure d’établir son programme de travail et d’arrêter les modalités de ses productions périodiques. C’est l’un des éléments phare du nouveau positionnement de l’AIGP qui annonce, mercredi 15 juin 2016, l’évolution de son rôle, de ses missions et de sa gouvernance. Ainsi, le conseil d’administration a acté l’entrée de la Métropole du Grand Paris dans l’Atelier.
Mireille Ferri, sa directrice générale, insiste aussi sur l’enjeu du "débouché politique" donné aux travaux du GIP, qui entend renforcer ses partenariats avec les opérateurs -ils pourront faire partie de l’assemblée générale de l’Atelier- pour pouvoir jouer le "rôle d’assembleur" du projet métropolitain et éviter ainsi le "risque de dispersion" possible. "L’unification du Grand Paris doit être recherchée", pose-t-elle.
L’Atelier international du Grand Paris "se renouvelle profondément", indique Pierre Mansat, le président du conseil d’administration du GIP, mercredi 15 juin 2016. Après une "première période d’exaltation" entamée en 2008 avec le lancement de la consultation internationale autour de dix équipes pluridisciplinaires, puis une "deuxième période qui n’a pas eu le succès médiatique espéré", pendant laquelle l’Atelier a peiné à faire entendre sa voix, une troisième période s’ouvre. L’ambition de l’AIGP "nouvelle formule" est de contribuer à faire émerger le "projet" du Grand Paris, "qui reste encore largement à écrire", "un récit métropolitain qui
donne à voir quelle société on essaie de construire", résume le conseiller d’Anne Hidalgo. Notamment, l’Atelier doit être en mesure de porter "une vision spatiale à très grande échelle", des "idées spectaculaires", d’être un "lieu de foisonnement, de recherche, de critique" qui "bouscule", poursuit Pierre Mansat. Il cite à titred’exemple la contribution sur les sous-sols de Dominique Perrault développée dans le cadre de l’AIGP autour d’un "urbanisme souterrain qui intensifie la vie urbaine sans densifier la ville".
Pour ce faire, l’organisation interne de l’AIGP évolue. Alors que depuis 2010, les équipes chargées de la production des réflexions forment également le conseil scientifique, ce dernier va redevenir "un vrai conseil scientifique, avec une expertise autre, plus diversifiée et la capacité de s’autosaisir à nouveau" (en plus d’être saisi par le conseil d’administration) sur les principaux sujets métropolitains, indique Mireille Ferri, la directrice générale de l’AIGP. Ce conseil scientifique soumettra au conseil d’administration les questions à approfondir, et ce dernier lancera les appels d’offres.
ÉLARGISSEMENT DE LA GOUVERNANCE À LA MÉTROPOLE DU GRAND PARIS
Un appel à candidatures sera lancé début juillet pour recruter une vingtaine de personnalités, qui ne seront pas rémunérées, seulement indemnisées, et pourront passer commande à des équipes. Les critères de sélection sont en cours de définition et Pierre Mansat indique que "la plupart" des membres actuels se porteront candidats. Le CA sera attentif à ce que les jeunes générations et les femmes soient toutefois davantage représentés que dans l’actuel conseil scientifique, en fonction jusqu’au 30 juin, et que les candidats aient une "capacité à porter un regard renouvelé", insiste-t-il. L’AIGP lancera par ailleurs un programme d’action
"annuel" pour mieux organiser la restitution des travaux de chacun.
Autre nouveauté, l’élargissement de la gouvernance de l’AIGP à la Métropole du Grand Paris (1), approuvé à l’unanimité par le conseil d’administration et qui fera également l’objet d’une délibération de la MGP, prochainement. L’AIGP, qui avait plaidé pour que le périmètre de la métropole soit plus large que celui finalement retenu, continuera à travailler sur une aire "beaucoup plus large" et dans ses "connexions aux autres métropoles françaises et en lien avec les autres métropoles du monde", relève Pierre Mansat. "L’enjeu du débouché politique" des travaux menés par l’AIGP est central pour la réussite des projets d’aménagement du Grand Paris, souligne Mireille Ferri. Ainsi, si en tant qu’organisation, l’Atelier ne participera pas aux appels à projets tels qu'"Inventons la métropole" - même si plusieurs de ses membres en seront partie prenante à titre individuel -, il entend toutefois jouer le "rôle d’assembleur" du projet métropolitain pour éviter le "risque de dispersion" possible avec la multiplication des appels à projets dans la région francilienne. "L’unification du Grand Paris doit être recherchée" et pour cela, l’AIGP va "déclencher des partenariats très larges", fait valoir
Mireille Ferri.
"UN LIEU DE DIFFUSION AUPRÈS DES OPÉRATEURS"
Avec la Société du Grand Paris par exemple, et même si les architectes de l’AIGP avaient plaidé pour que soit mis en place un métro aérien et pas souterrain - choix qui n’a pas été retenu -, les liens ouverts par une convention de partenariat en 2013, tendent à se resserrer, autour de l’enjeu des quartiers de gare. L’AIGP s’est aussi rapprochée de l’association des maires d’Île-de-France pour développer un "partenariat plus opérationnel". Alors que les maires franciliens sont plutôt accaparés par les enjeux budgétaires et ne sont, à
l’heure actuelle, "pas disponibles pour une réflexion théorique" sur la fabrique de la métropole, l’AIGP veutmener auprès d’eux un travail explicatif. Quant à Grand Paris Aménagement, qui "n’a pas les moyens de travailler de manière prospective sur les modes de vie de demain" selon Mireille Ferri, un travail utile àl’opérateur pourrait être porté par l’AIGP.
D’une manière plus générale, l’AIGP entend être un "lieu fort de création, de concepts" en même temps qu’un"lieu de diffusion auprès des opérateurs". L’assemblée générale sera donc ouverte aux opérateurs, aux non institutionnels, voire aux financeurs privés : en tout cas, une réflexion est en cours s’ouvrir au secteur privé.
"Avec les appels à projets, une relation nouvelle 'commande publique-monde privé'" s’est fait jour, "nous ne sommes pas à l’écart de ce mouvement-là", explique Pierre Mansat. Mireille Ferri cite l’exemple d’entreprises demandeuses de séminaires sur l’enjeu de leur implantation territoriale.
Davantage toucher le grand public
L’AIGP vise à davantage toucher le grand public. Ainsi, les résultats de ses travaux seront diffusés et mis à disposition des acteurs mais aussi des habitants. Des débats publics seront organisés cette année, le premier "Le Grand Paris, huit ans plus tard", se tiendra ce vendredi, en présence du préfet de région Île-de-France Jean-François Carenco. Une exposition itinérante "Aux origines du Grand Paris" sera également proposée en partenariat avec le musée de Suresnes (Hauts-de-Seine) et les Neufs de Transilie, une association
d’établissements culturels proposant un regard renouvelé sur les réalités contrastées du territoire francilien.