LE MANIFESTE DU GRAND PARIS
LA TRAME D’UN RECIT METROPOLITAIN (PROPOSITION)
Le récit métropolitain exprime une vision narrative ouverte et malléable sur ce que pourrait être la Métropole. Ce n’est pas pour autant une utopie, puisqu’il révèle en même temps ce qui est déjà là et les multiples initiatives qui composent déjà l’essence de la métropole du Grand Paris. Il doit donner envie de se raccrocher aux branches, d’ajouter une pierre, de faire partie d’un tout. Il doit permettre à d’autres de s’en emparer et de l’enrichir. Une première trame, écrite collectivement à partir d’un grand nombre de contributions de divers types, figure ci-après. Elle pourra être enrichie de deux façons : En mettant au grand jour davantage d’actions qui s’inscrivent dans la construction espérée, et aussi en enrichissant directement cette trame et les paragraphes qui la composent.
LE GRAND PARIS COMME METROPOLE DES ESPERANCES
Nous voulons vous raconter l’histoire d’une Métropole qui est la nôtre, celle de Paris, du Grand Paris. Cette histoire, nous la voulons écrite avec tous ceux qui veulent, à partir de ce qu’ils vivent et de ce qu’ils voudraient vivre. La Métropole des espérances dont nous allons dresser un premier cadre, une trame flexible et ouverte, n’est pas celle des utopies ; ce que nous allons décrire est possible, et même existe déjà ; ce n’est pas non plus la métropole des assemblées, des règlements et des partages de pouvoirs ; c’est une histoire bâtie sur les siècles passées et qui regarde crânement l’avenir ; l’histoire de nos audaces et de nos ambitions partagées ; le Grand Paris, Paris en Grand, sera toujours Paris, ville lumière, ville des lumières. Nos récits rassemblés seront son récit.
Le fil rouge de notre récit : 7 qualificatifs possibles d’une métropole espérée, à construire avec tous, pour libérer les énergies :
Active
- Construire la métropole, c’est avant tout s’intéresser aux phénomènes, les comprendre et les encadrer par davantage de contrôle et d’interventions citoyennes: la gestion de l’eau, des risques, de l’approvisionnement, du traitement des déchets, sont autant de questions qui dépassent les limites administratives. Elles fédèrent des acteurs autour de projets fondamentaux. Le rôle de la métropole ne serait-il pas d’impulser une coopération métropolitaine qui reposerait avant tout sur des processus déjà en œuvre et qui, par là même les dépasserait ? De mutualiser les connaissances et les données, de les rendre libres, pour que chaque territoire puisse travailler avec son voisin ? Des coopérations intra métropolitaines, aux coopérations inter régionales et aux coopérations internationales, des réseaux de renforcements mutuels peuvent se créer qui ouvrent la voie à d’importantes innovations économiques.
Fab lab : http://www.ecodesignfablab.org/
Les entrepreneurs du Grand Paris : http://www.cerclegrandparis.org/
- En tout état de cause, la métropole doit être active et non marchande. Elle ne doit pas se contenter d’encadrer les phénomènes, elle doit aussi introduire des dynamiques métropolitaines pour ne pas laisser un développement libéral creuser les processus ségrégatifs. A la proximité géographique des territoires doit s’ajouter une proximité organisationnelle, institutionnelle, voire identitaire. Dans tous les processus évoqués de transitions (énergétique, écologique, …), il s’agit de voir comment gérer les temporalités et, le cas échéant, brûler les étapes ; pour le climat, la grande ville est un problème ; elle doit devenir une solution : l’agriculture urbaine, les circuits courts, l’autonomie énergétique des territoires, …..Ceci pourrait aussi s’appliquer à la promotion de nouveaux types d’économie urbaine : économie sociale et solidaire, monnaies locales, réseaux de mutualisation et de coopération,….
Production agricole locale : http://www.amap-idf.org/
Les maraîchers à la gare SNCF : http://www.transilien.com/static/panier-fraicheur
Agriculture solidaire : http://www.cjusteparis.fr/
- La métropole permet à chacun d’affronter le défi de l’accès à l’emploi dans un travail qui évolue sans cesse, tant dans son organisation que dans ses contenus, et dans des modes de précarisation hélas toujours plus prégnants. Elle ne peut le faire que par la valorisation attentive des capacités de chacun, en multipliant les occasions d’apprendre, de transmettre ses savoirs, et d’être utile aux autres.
Habitable
- La métropole relève avant tout d’un vécu. Elle n’instaure pas de barrières entre les territoires. Elle efface tous les périphériques. Les réseaux multiples font éclater les prétendues frontières. La stigmatisation des territoires périphériques, peu importe leur nature, crée des ruptures et des limites. Il faut nier une différence de valeurs entre les lieux de la métropole. Chaque espace qui participe de la construction et du fonctionnement métropolitains doit être pris en compte pour ce qu’il apporte au système métropolitain et participe à l’affirmation du droit à la mobilité.
- A force de dire que l’urbanisation contemporaine est partout, que ses limites sont nulle part, et que l’attractivité métropolitaine est ubiquiste, régionale, nationale, universelle, on finit par oublier que la ville, le Grand Paris notamment, ce sont aussi des densités, des continuités, d’espaces construits, d’activités et d’emplois, de flux matériels et humains, et des nécessités de gestion quotidienne et de perspectives d’avenir. Il est urgent de « manifester » qu’il y a des périmètres spatiaux impertinents, parce qu’ils font fi des réalités historiques et géographiques, (le « Grand Paris des 4 départements centraux) ou des échelles (la vallée de la Seine jusqu’au Havre), et d’autres plus réalistes (l’« unité urbaine », de ville nouvelle à ville nouvelle, etc. Sans oublier les périmètres des solidarités du futur : Entre territoires urbains et territoires ruraux, entre quartiers relégués et espaces d’activités nouvelles, sans oublier les « entre-lieux » souvent résiduels, mais qui ne demandent qu’à se révéler.
- Tous les lieux sont rendus « habitables » dans leur diversité, en prenant appui sur les bassins de vie actuels. L’accès à des centralités différentes renforcées, celle du bourg comme celle de la ville moyenne ou nouvelle ou celle de Paris doit être rendu possible. L’architecture territoriale de la métropole peut être repensée au travers de son armature urbaine, de ses réseaux de transports, de ses voiries structurantes, et d’une certaine hiérarchisation des services publics et commerciaux. Cette architecture n’est pas seulement spatiale, elle repose aussi sur les diverses composantes de la vie sociale et Le logement abordable, là où il faut et comme il faut, est un grand défi relevé. C’est un problème financier en grande partie de nature nationale certes ; mais rien ne sera possible sans un élan nouveau de solidarité porté par tous les acteurs concernés ; cet élan touche aussi bien le neuf que l’existant ; et surtout, il repose sur une explosion d’inventivité, sur les formes urbaines, sur les modes d’habiter, sur l’intervention active des habitants, sur les montages juridiques et financiers, sur les modes de construction et de rénovation, …., et tout cela simultanément. Enfin, le sol, qu’il soit à usage naturel, agricole, résidentiel, d’activités, ne saurait donner lieu à de la spéculation ségrégative. La Métropole se doit de faire fructifier elle- même la richesse principale qu’est son foncier.
Economiser le foncier : http://www.adopteunefriche.com/
Utiliser le patrimoine industriel : le hangar Y à Meudon, la gare Lysch à Asnières-sur-Seine
- A tout cela correspond un système de déplacements qui n’est jamais neutre parce qu’il est au service de l’enrichissement de toutes les trajectoires possibles de nos vies quotidiennes dans des territoires aménagés aussi pour le progrès social et la protection de la planète.
Autre manière de se déplacer et de réparer son vélo : http://cyclocoop.org/
Désirable
- Une métropole de l’épanouissement, de la culture, de la parole écoutée, de l’accès à la citoyenneté, des droits humains appliqués, des différentes histoires reconnues, des espaces partagés (pas seulement les espaces publics, pas seulement les espaces de loisirs et de chalandises…). Une métropole désirable parce que génératrice de désirs.
Art, culture, rencontre dans l’espace public : http://www.helloasso.com/associations/renards-urbains
Mélange des cultures culinaires : http://www.lerelaisrestauration.com/
- Paris est un des rares endroits du monde où se cristallise, se voit, se pense le désir. Le désir qu’on a de vivre quelque part, le désir qu’on a de vivre dans la beauté, le désir qu’on a de vivre dans la politique, le désir d’amour, le désir du désir. Un désir collectif qui vient de la multitude. Car aujourd’hui, parce que tous les autres désirs (celui de mieux vivre, d’organiser la vie selon la justice, d’avoir un travail qui ait du sens, de l’utilité, de la beauté dans ses gestes, d’avoir le sentiment de pouvoir faire quelque chose à plusieurs qui n’existerait pas sans ça, d’avoir un lieu pour soi, non pas un lieu de sinistre identité mais de construction humaine par organisation des pensées, des solutions aux problèmes, de courage et de confiance en la capacité commune, d’enfance dans les cœurs adultes …) parce que tous ces désirs ont été disqualifiés, comme utopiques, voués à l’échec, lamentables, risibles, tellement naïfs, archaïques, suspects, non solvables, aujourd’hui les jeunes disent eux-mêmes qu’ils s’interdisent de désirer et certains même ne savent pas ce que c’est. Tout faire pour que le désir du désir nous reprenne, c’est la seule tâche politique qui vaille.
Inclusive et Accueillante
- La métropole met en place de manière audacieuse des processus du « vivre ensemble », et s’attache à dépasser sans cesse les frontières de la relégation urbaine. Elle relève le défi du choc du multiculturalisme, du melting pot. Le cosmopolitisme s’affirme comme projet. Elle valorise cette foule d’initiatives qui témoignent de cette envie de vivre ensemble.
- Elle pratique la péréquation de l’« avantage métropolitain » à condition de dépasser la seule acception technique et limitée de la fiscalité, et de l’entendre comme principe d’équité, sociale plus d’ailleurs que territoriale. S’il peut être admis que la métropolisation est par essence créatrice conjointe de richesses et de déséquilibres, les correctifs sont à trouver moins dans la recherche utopique d’une égalité des vocations spatiales pour l’activité, ou d’une mixité résidentielle parfaite, irréaliste, que dans la redistribution des bénéfices, en termes d’éducation, de culture, d’accessibilité, voire de santé.
- La chaîne de l’hospitalité prend tout son sens lorsqu’elle va du touriste à l’immigré et au SDF. Elle relève d’une posture et passe par une série d’actions touchant aussi bien l’aménagement des espaces d’accueil, des parcours, mais aussi l’implication des habitants, médiateurs de la relation à la ville. Paris en Grand peut-il être ouvert à l’idée de citoyenneté mondiale, peut-il bâtir une intégration politique originale des migrants et de quelles façons ? Ou le multiculturalisme peut-il dépasser le domaine réservé de la culture ?
- La métropole espérée doit-elle suivre, poursuivre cette compétition mondiale entre territoires ? Ou bien doit-elle devenir une ville-monde ouverte au monde et constructrice du nouveau monde au travers des échanges, des coopérations, des partenariats promus dans tous les domaines : Scientifique, économique, culturel, géopolitique, … ? Comment sortir des « rituels-business » les grands événements mondiaux auxquels cette métropole semble vouloir participer (les JO, l’exposition universelle) ? Est-il possible d’en faire des moments rares de fraternité et de compréhension mutuelle ?
Découvertes scientifiques pour les enfaits : http://www.exploradome.fr/
Co-working culinaire : http://lescamionneuses.fr/
Innovante, donc dissidente
- La métropole peut être un niveau pertinent pour agir sur les enjeux majeurs : face aux défis du développement, innover et tenter des démarches radicales pour agir sur les enjeux majeurs : l’aménagement, l’environnement, l’égalité territoriale, une politique redistributive, la nouvelle économie. Voire la revitalisation de la démocratie territoriale avec de vrais pouvoirs pour les citoyens. Proposer au monde de nouvelles manières de faire la ville. Réussir la métropole est en soi une innovation majeure pour le monde.
- Innover, c’est aussi entrer en dissidence par rapport à l’ordre convenu : Entrer en dissidence, cela veut dire : recréer des poches où l’on tente autre chose. Créer des poches qui délivrent de nouveaux modèles, qui fassent entrer de l’air dans la pièce du pays, car Paris est notre capitale, et nous aimons qu’elle soit un phare. Ainsi chacun de ces chantiers aurait pour objectif de livrer de nouvelles manières de travailler, de nouveaux modèles où la place des gens, la manière qu’a l’Etat de faire avec les gens, où refaire des gens les grands commanditaires et porteurs de la politique publique, seraient testés, proposés.
Nouveau modèle industriel et artisanal : http://la-montreuilloise.com/
Formation, information, implication solidaire : http://r2k.coop/site/
Nouvelle approche du cadre bâti : http://www.bellastock.com/
Poétique et magique
- Paris en Grand, c’est évidemment du symbolique. Pas du nostalgique. Ici il y a un peu de « La scandaleuse force révolutionnaire du passé » (Pasolini). Ce qui pousse encore à la transformation du présent dans ce qu’une ville nous lègue, nous inspire. On se souviendra que Paris, la capitale des arts, la ville universelle ; parce qu’elle l’invente- l’universel ; la ville de la Commune, et donc Paris qui danse sur la Place Rouge, à Barcelone, à Ouagadougou, à Shanghai, et qui meurt avec chaque mourant amoureux de justice, la ville des ballades surréalistes et des immenses déclarations et inventions artistiques qui redessinaient la vie, la ville du luxe, et donc d’un rapport quand même autre à l’argent, au pouvoir, au sérieux morne des prédations avares, la ville aussi des forfaitures, des bassesses.
- Dire que le Grand Paris ne sera jamais qu’une opération rationnelle, de bon sens, d’enregistrement et d’organisation des mutations en cours, et que l’éternité de Paris n’en sera pas altérée, que rien n’aura lieu que du matérialisme, c’est ne pas croire au Symbolique. C’est dire : il y a ce qu’il y a et on s’adapte avec l’étonnante plasticité qu’on connaît aux hommes. On croit qu’il y a une faculté de certaines choses de la réalité à recueillir de l’Idée, à fabriquer de l’adhésion, de l’attachement, de l’espérance.
- Mais aussi, pour cela, la métropole est une « scène » ; elle valorise les politiques publiques de la culture pour situer les enjeux en termes de reconnaissance et d’émancipation, établir des rapports entre espace physique et espace social et susciter l’imaginaire.
Une galerie hors périph : http://untilthen.fr/
Des lieux collectifs d’expression artistique : http://www.le6b.fr/ ; http://strabic.fr/La-Briche-Foraine ;
Des lieux d’expression artistique pluridisciplinaire : http://www.lafermedubuisson.com/ ; http://www.villamaisdici.org/
Festival de musique techno : http://www.weatherfestival.fr/
Musiques actuelles : http://www.nanterre.fr/1163-la-maison-daniel-fery.htm
http://www.compagniedelagare.com/
Donc reconnue
- Chacun doit pouvoir s’approprier la question métropolitaine; l’identité métropolitaine est intimement liée au sentiment d’appartenance. Celui-ci s'apparente au fait de se sentir chez soi ou en familiarité avec le territoire métropolitain et ses habitants (et pas uniquement à tel ou tel endroit, même si certains espaces font l’objet d’une affection plus importante que d’autres). C’est se sentir intégré et appartenir à un ensemble, c’est-à-dire partager une série de façons de faire, de sentir et d’agir, un ensemble de valeurs, de représentations et de réalités, subjectives ou objectives. A partir du vécu de chacun.
- La reconnaissance par le monde ne se réduit pas à des slogans marketing destinés à attirer les investisseurs et les sièges sociaux dans la compétition mondiale ; elle repose sur des « marqueurs métropolitains » de diverses nature qui composent un concept territorial unique au monde; notre histoire intense, nos organisations, notre culture, sans oublier la place centrale de la politique qui a imbibé Paris et sa région.
- Le Grand Paris, terre de liberté : le Grand Paris est le territoire des hommes et des femmes qui ont toujours défendu leurs libertés que ce soit pour penser, se réunir, se défendre, se déplacer, entreprendre ou créer. Le Grand Paris fascine et attire pour être le cœur fertile de cette France libre. Il a su accueillir, s’agrandir, se diversifier, s’adapter à travers les années.
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CETTE HISTOIRE EST AUSSI UN APPEL. AUX ÉLUS DES COMMUNES ET DES COLLECTIVITÉS, LES PLUS PAUVRES EN PARTICULIER, AUX ADMINISTRATIONS, AUX ARTISANS ET ENTREPRENEURS, AUX PÉDAGOGUES, AUX PHILANTHROPES, AUX ASSOCIATIONS PORTEUSES DE SITUATIONS À DÉFENDRE OU À RÉSOUDRE, AUX GENS, QU’ILS S’ENRÔLENT ET PROPOSENT LEUR SITUATION.
LE GRAND RÔLE DU GRAND PARIS, C’EST DE MANIERE CONTINUE DE LANCER UN APPEL AUX SITUATIONS PORTEUSES D’EXPÉRIMENTATION, DE REINVENTION, D’IMPERTINENCES, DE REMISES EN QUESTION, ….
ALORS, ON S’Y MET ?