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Pierre Mansat et les Alternatives

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> Le Grand Paris dans Libération aujourd'hui: "Métropole cherche vision globale" par S.Vincendon

Métropole cherche vision globale

Par Sibylle Vincendon — 14 juin 2016 à 17:11

Un territoire aux frontières discutées, des maires qui peinent à penser au-delà de leur commune… pour les architectes du Grand Paris, le projet métropolitain reste à bâtir.

Le fait du prince.

Le 17 septembre 2007, Nicolas Sarkozy annonçait son souhait que «huit à dix agences d’architectes puissent travailler sur un diagnostic prospectif, urbanistique et paysager sur le Grand Paris, à l’horizon de vingt, trente, voire quarante ans». La compétition demandait aux équipes d’imaginer «la métropole du XXIe siècle de l’après-Kyoto» (1). Bonne chance à tous.

Le prince, pour une fois, était éclairé. Les réponses ont été à la hauteur des espérances. Les dix équipes qui comprenaient aussi des chercheurs, des sociologues, des philosophes ou encore des artistes, se sont affrontées à la grande échelle du Grand Paris, et à ses grandes questions : climat, densité, paysages, habitat, urbanité, traversées, liens, réseaux, risques, parcs, boulevards urbains, bureaux, jeunesse… La consultation aurait pu s’arrêter là et au revoir. Mais le travail était si riche que l’évidence de pérenniser ce groupement s’imposa aux pouvoirs publics. Ainsi naquit l’Atelier international du Grand Paris, l’AIGP.

Huit ans plus tard, qu’en reste-t-il ?

«Le bilan, estime Yves Lion, un des architectes participants, est encore à faire. Mais cette consultation était une façon de faire une bonne publicité à l’idée même de Grand Paris. Ça, c’est bien.» De fait, en 2009, l’exposition des travaux issus du concours attire 214 000 personnes à la Cité de l’architecture et du patrimoine. Sur place, les visiteurs sont quand même un peu perplexes : si le terme «Grand Paris» leur évoque quelque chose, l’idée d’une réalité métropolitaine leur est totalement étrangère. Dès le début de la consultation, l’architecte Djamel Klouche, avait résumé la difficulté par cette formule : «Une ville est un territoire que l’on peut dessiner. La métropole a cessé d’être un lieu que l’on peut dessiner pour devenir une condition que l’on peut décrire.» Ce sont les déplacements des métropolitains qui forment la métropole. Leurs conditions de vie, si l’on préfère.

Continuités vertes

Le sujet de réflexion n’était donc pas simple à circonscrire, mais le territoire non plus. Vaste, flou, le Grand Paris est sans frontières qui fassent consensus. Pourtant, lorsque l’on regarde ce qu’a produit cette mobilisation architecturale d’une ampleur inédite, on est frappé par la façon dont les participants ont contourné ce blocage. Même sans pouvoir dire précisément où commence et où finit la métropole, ils se sont demandé comment recréer des liaisons, transformer les voies express en boulevards urbains, faire des continuités vertes, redécouvrir les berges de la Seine, retrouver en banlieue les aménités du centre-ville, repenser l’habitat et faire face intelligemment au risque. Avec, en prime, la question climatique présente dans toutes les réponses. Les architectes devaient appuyer leur raisonnement sur des lieux «démonstrateurs», mais le raisonnement était métropolitain. L’est-il encore ? Aujourd’hui dans le Grand Paris, «les visions globales ont un peu disparu», déplore Yves Lion. Pourtant, les membres de l’Atelier de 2008, sont pour la plupart toujours dans le bateau, même si le nombre d’équipes est passé de dix à quinze après un renouvellement en 2010. Et dans les travaux que l’AIGP a produits en 2014 sur «les systèmes métropolitains du Grand Paris», les questions restent englobantes.

Par exemple, celle-ci, basique : «Comment constituer l’identité du Grand Paris en respectant les spécificités locales ?» Ou cette autre, plus perturbante : «Comment penser une forme sans limites ?» Ou, encore plus abyssale à propos des limites du territoire : «Où est la fin ?» L’esprit est toujours là. Mais depuis les pyramides, on sait que bâtir est un jeu à deux, entre celui qui commande et celui qui réalise. Les architectes du Grand Paris n’ont en face d’eux que de très petits pharaons, en la personne des maires. Un maire n’est pas élu pour philosopher mais pour agir près de chez vous. Un détour par la politique s’impose. Au sujet des limites du Grand Paris, les élus ne se sont pas posé moins de questions que les architectes. A l’Assemblée, au Sénat, dans les instances régionales et départementales, sans oublier dans la cohorte des maires, on s’est empaillé autour du «bon» périmètre de la métropole, et même si la loi a créé une métropole du Grand Paris sur le territoire des quatre départements centraux d’Ile-de-France, nul doute que le débat reviendra après 2017.

Ressources fiscales

Depuis le 1er janvier 2016, la métropole du Grand Paris est une intercommunalité XXL, de 6 millions d’habitants. Pour nombre d’élus de la région capitale, qui ont découvert l’intercommunalité avec vingt ans de retard sur la province, la créature s’annonçait bien trop menaçante. Au Parlement, députés et sénateurs se sont employés à lui rogner les compétences et les ressources fiscales, au moins pour les premières années. «La métropole n’est pas encore construite parce que c’est le chemin communaliste qui a été emprunté pour la créer», résume un haut fonctionnaire. Dans la métropole imaginée par les parlementaires, le maire reste aux manettes. Ce qui n’aide pas forcément au développement d’une pensée métropolitaine de l’aménagement.

Pour les maires aujourd’hui, l’Atelier internatinal du Grand Paris sert, au mieux, de vivier de talents. Christian de Portzamparc, qui a fait partie de l’Atelier depuis le début, constate : «Nous avons été appelés à réfléchir sur des endroits pas faciles comme Le Bourget ou Orly. Au Bourget, la commande venait d’un groupe de maires, à Orly des gestionnaires de l’OIN [opération d’intérêt national, ndlr]». Dans les deux cas, les décideurs leur ont demandé «beaucoup d’études, de plans». Et la participation à des réunions publiques dans lesquelles «on a senti parfois une impatience compréhensible». La démarche ne débouche pas forcément sur des réalisations mais elle fait progresser «des idées qui influencent les décideurs et aussi les grandes institutions». Parfois, ça prend. Christian et Elizabeth de Portzamparc ont gagné un concours pour réaménager un quartier de Massy. Une consultation «vraiment dans l’esprit de l’AIGP. Le maire avait lu toutes les études qui y avaient été produites».

C’est rare. Certains nouveaux élus de 2014, de droite dans l’énorme majorité des cas, ne veulent pas entendre parler des propositions de l’AIGP et ne rêvent que d’architecture néovillageoise ou faux haussmannien. Comme le soupire un aménageur public, «on a les élus qu’on mérite…»

Mais on peut essayer de les convaincre. Elus et décideurs de la métropole ont été impressionnés par le concours «Réinventer Paris» qui avait une qualité inédite : demander aux promoteurs et aux architectes d’imaginer l’aménagement des sites que la ville leur proposait. D’habitude, il y a un cahier des charges et on demande aux concepteurs de réaliser les idées des autres (en gros, du maire).

Opiniâtreté

A peine élu président de la métropole du Grand Paris, le maire LR de Rueil-Malmaison Patrick Ollier annonce le 18 février qu’il va lancer «Inventons la métropole», sur le modèle parisien. A la tête d’une institution petite, débutante, pas très riche et remise en cause par nombre de ses amis politiques, dont Valérie Pécresse, nouvelle présidente de la région Ile-de-France, Ollier souligne avec véhémence que «la métropole aura la compétence de l’aménagement au 1er janvier 2017». Très bien. Mais pour faire quoi ? Patrick Ollier, qui a entamé sa carrière politique au temps de Jacques Chaban-Delmas Premier ministre, ne manque pas de bonne volonté. Et pas non plus d’opiniâtreté vu les commentaires déplaisants qui entourent sa métropole. Mais a-t-il dans la tête la conception de l’aménagement qui convient au XXIe siècle ? Quand on l’entend dire qu’il faut «faire confiance aux maires» pour l’urbanisme, que l’aménagement consiste à créer «des zones pour l’activité, des zones pour l’habitat, parce qu’on va en avoir besoin…», on frémit. La loi oblige la métropole à se fonder sur un projet métropolitain. Il est temps que l’Atelier international du Grand Paris le lui fournisse.

(1) Premier engagement international de limitation des émissions de gaz à effet de serre.

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